(Pékin) Pékin a vigoureusement contesté lundi l’hypothèse désormais privilégiée par le département américain de l’Énergie (DoE) selon laquelle la COVID-19 proviendrait d’un accident de laboratoire en Chine, s’estimant « sali » par ces nouvelles accusations.

« Il convient de cesser d’agiter cette théorie d’une fuite de laboratoire, d’arrêter de salir la Chine et d’arrêter de politiser la recherche des origines du virus », a affirmé une porte-parole du département des Affaires étrangères chinois, Mao Ning, lors d’un point de presse régulier.

Pékin réagissait au récent changement d’analyse au sein du département américain de l’Énergie, qui chapeaute des laboratoires de biologie, et qui retiendrait désormais – « avec un faible niveau de confiance » – la piste d’une fuite de laboratoire en Chine, sur la foi du nouveau rapport d’une agence de renseignement révélé dimanche par le Wall Street Journal et le New York Times.  

« Des experts de la Chine et de l’OMS, sur la base de visites sur le terrain dans des laboratoires de Wuhan et d’échanges approfondis avec des chercheurs, ont établi la conclusion, qui fait autorité, selon laquelle l’option d’une fuite d’un laboratoire est hautement improbable », a insisté Mme Ning.

Dans une réaction lundi, l’Organisation mondiale de la santé a indiqué « avoir vu les articles de presse, mais n’avoir reçu aucune information » à ce sujet.

« L’OMS et le SAGO [Groupe consultatif scientifique sur les origines des nouveaux agents pathogènes, NDLR] vont continuer d’examiner tous les éléments scientifiques disponibles qui pourraient contribuer à faire progresser la connaissance des origines du SRAS-CoV-2, et nous appelons la Chine ainsi que la communauté scientifique à entreprendre les études nécessaires pour cela », a déclaré Tarik Jašarević, un porte-parole de l’organisation.

« Dans l’attente de davantage d’éléments, toutes les hypothèses restent sur la table », a-t-il ajouté.

Trois ans après le début de la pandémie, l’origine du virus qui a tué près de 7 millions de personnes dans le monde et bousculé la marche du globe reste toutefois encore indéterminée.

En février 2021, des experts de l’OMS et des scientifiques chinois avaient jugé « hautement improbable » la piste d’un accident à l’institut de virologie chinois de Wuhan, et privilégié l’hypothèse d’une origine naturelle du virus et d’une transmission à l’homme par un animal « intermédiaire ».

Depuis, l’hypothèse d’une manipulation en laboratoire couplée à une fuite accidentelle a toutefois ressurgi notamment aux États-Unis où cette piste est, selon le Wall Street Journal, notamment retenue par le FBI.

Signe que le débat reste ouvert aux États-Unis, quatre agences de renseignement américaines estiment, elles, que la COVID-19 est d’origine naturelle et deux demeurent indécises, selon la recension du Wall Street Journal.

« Pour l’instant, aucune réponse définitive de la communauté du renseignement n’a émergé sur la question », a résumé dimanche sur CNN le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan.

Mi-février, le patron de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus s’est personnellement engagé à tout faire pour obtenir « une réponse » sur les origines de la COVID-19, démentant fermement des informations selon lesquelles l’organisation aurait renoncé à finaliser son enquête sur le sujet.

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