(Pékin) La Chine a appelé mardi à « promouvoir le dialogue » en Ukraine, se disant « très inquiète » du conflit qui « s’intensifie et devient même hors de contrôle ».

Cette guerre constitue un dossier délicat pour Pékin, en raison de ses forts liens diplomatiques et économiques depuis plusieurs années avec Moscou, consolidés par l’intérêt commun de faire contrepoids à Washington.

Officiellement neutre, la Chine appelle à respecter la souveraineté des États, y compris de l’Ukraine, tout en exhortant la communauté internationale à prendre en compte les préoccupations de Moscou en matière de sécurité.

À quelques jours du premier anniversaire de l’invasion russe le 24 février, le secrétaire d’État Antony Blinken a dit craindre que la Chine envisage de fournir des armes à la Russie - des allégations démenties par Pékin.

« Voilà près d’un an maintenant que la crise en Ukraine a connu une escalade générale », a déploré mardi Qin Gang, le ministre chinois des Affaires étrangères, lors d’une conférence à Pékin.

« La Chine est très inquiète de ce conflit qui s’intensifie et devient même hors de contrôle », a-t-il souligné devant plusieurs dizaines d’ambassadeurs et diplomates étrangers.

Pékin voit par ailleurs avec méfiance les livraisons d’armes à l’Ukraine.

« Nous demandons aux pays concernés de cesser au plus vite de jeter de l’huile sur le feu et de cesser de rejeter la faute sur la Chine », a souligné Qin Gang, en référence notamment aux appels occidentaux lancés à Pékin afin de mettre la pression sur Moscou.

« Nous continuerons à promouvoir les pourparlers de paix […] et à travailler avec la communauté internationale afin de promouvoir le dialogue et la consultation, répondre aux préoccupations de toutes les parties et rechercher la sécurité commune ».

« Tapage »

Qin Gang a également rejeté tout parallèle entre l’Ukraine et Taïwan, île que la République populaire de Chine entend attacher au reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.

Il convient de « cesser de faire du tapage en criant “Aujourd’hui l’Ukraine, demain Taïwan” », a souligné le ministre, répliquant aux inquiétudes sur une potentielle invasion militaire chinoise du territoire insulaire de 23 millions d’habitants.

« Les pressions et les tentatives pour contenir la Chine, venant de l’extérieur, sont de plus en plus fortes » et « constituent une menace sérieuse pour la souveraineté et la sécurité de la Chine », a déclaré Qin Gang.

« La Chine s’est toujours engagée sur la voie du développement pacifique. Elle n’a jamais pris l’initiative d’un conflit ou d’une guerre ni envahi un centimètre de terrain d’un autre pays. »

Rencontre avec Poutine ?

Sur l’Ukraine, Pékin a affirmé la semaine dernière vouloir rendre publique prochainement une proposition pour trouver « une solution politique » à la guerre.

Le patron de la diplomatie chinoise, Wang Yi, est lui attendu mardi en Russie, dernière étape d’une tournée européenne qui l’a déjà mené en France, en Italie, en Hongrie et en Allemagne.

Le Kremlin a déclaré lundi que M. Wang pourrait rencontrer le président Vladimir Poutine au cours de sa visite, selon l’agence de presse russe Tass.

La pression occidentale s’accroît sur la Chine, qui n’a jamais appuyé ni critiqué publiquement l’offensive russe, tout en exprimant plusieurs fois son soutien à Moscou face aux sanctions occidentales.

« La fourniture d’un soutien létal à la Russie pour aider à sa guerre d’agression en Ukraine aurait de réelles conséquences sur nos relations avec la Chine », a souligné Antony Blinken.

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a lui estimé qu’une éventuelle livraison d’armes par la Chine à la Russie constituerait une « ligne rouge » pour l’Union européenne.

Un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, a démenti lundi les allégations américaines, accusant Washington de « diffuser de fausses informations ».

« Ce sont les États-Unis et non la Chine qui envoient constamment des armes sur le champ de bataille », a-t-il ajouté.