(Rangoun) La junte au pouvoir en Birmanie a étendu la loi martiale à des régions entières où l’armée fait face à une résistance féroce de combattants opposés au coup d’État, selon les médias d’État vendredi.

Après avoir prolongé mercredi de six mois l’état d’urgence dans tout le pays, la junte a imposé cette loi martiale dans 37 districts de huit États et régions.

La Birmanie est en proie au chaos depuis le coup d’État de 2021 qui a renversé le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi. La répression de la dissidence qui a suivi a déclenché des combats dans de vastes régions du pays.

Cette dernière annonce indique que la junte cherche de nouveaux moyens d’éradiquer la résistance dans les zones où les combattants anti-coup d’État sont actifs.

L’extension de la loi martiale a pour but « d’exercer des activités plus efficaces pour garantir la sécurité, l’État de droit, la paix et la tranquillité locales », est-il écrit dans le journal d’État Global New Light of Myanmar.

En vertu de la loi martiale, les tribunaux militaires traiteront des affaires pénales allant de la haute trahison à l’interdiction de « diffuser de fausses nouvelles », que l’armée a utilisée pour emprisonner des dizaines de journalistes.  

Aucun appel ne sera autorisé pour les condamnations prononcées par les tribunaux militaires, à l’exception de la peine de mort, qui doit être approuvée par le chef de la junte, Min Aung Hlaing, précise le journal.  

PHOTO ALEXANDER ZEMLIANICHENKO, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Le général Min Aung Hlaing

Les districts concernés sont répartis dans huit États et régions : Sagaing, Chin, Magway, Bago, Mon, Karen, Taninthayi et Kayah.  

Les troupes de la junte ont régulièrement affronté les « forces de défense du peuple » anticoup d’État dans ces régions, ainsi que les groupes rebelles ethniques établis.  

Des parties de Rangoun et de Mandalay, les deux plus grandes villes du pays, étaient déjà soumises à la loi martiale.  

Jeudi, les médias d’État ont annoncé la prolongation de six mois de l’état d’urgence, retardant de facto les élections que la junte s’était engagée à organiser d’ici le mois d’août.  

Dans des commentaires rapportés mercredi, Min Aung Hlaing a reconnu que plus d’un tiers des districts du pays échappaient au contrôle militaire total.

Plus de 2900 personnes ont été tuées dans la répression de la dissidence par l’armée depuis qu’elle a pris le pouvoir et plus de 18 000 ont été arrêtées, selon un groupe de surveillance local.