(Sydney) L’Église catholique australienne a organisé mercredi une veillée de prières en hommage au cardinal George Pell, figure controversée du Vatican, dont le cercueil était exposé au public malgré les protestations de victimes de violences sexuelles.

Un temps considéré comme le troisième homme le plus influent du Vatican, Mgr Pell, mort le 11 janvier à l’âge de 81 ans, avait été accusé d’agressions sexuelles et critiqué pour ses positions intransigeantes concernant l’avortement et le mariage entre personnes de même sexe.

Il avait été condamné en 2019 pour avoir agressé sexuellement deux enfants de chœur dans les années 1990, lorsqu’il était archevêque de Melbourne. Il avait purgé près d’une année d’emprisonnement sur les six prévues avant l’annulation de ses condamnations pénales en appel en 2020.

À l’extérieur de la cathédrale Sainte-Marie de Sydney, où repose sa dépouille avant ses funérailles de jeudi, des victimes de violences sexuelles ont attaché des rubans aux grilles, en solidarité avec d’autres victimes.  Ces rubans ont été enlevés à plusieurs reprises.

PHOTO DAVID GRAY, AGENCE FRANCE-PRESSE

La police avait saisi la justice pour interdire une manifestation d’opposition au cardinal Pell devant se tenir jeudi à l’extérieur de la cathédrale, mais a brusquement abandonné l’affaire mercredi.

Des manifestations ont été organisées dans plusieurs villes du pays, notamment à Ballarat, la petite ville du sud-est du pays où est né Mgr Pell.

« Les victimes continuent de souffrir »

Pour l’ancien premier ministre conservateur australien Tony Abbott, le nom du cardinal a été entaché par une « allégation monstrueuse ». Son incarcération « était une forme moderne de crucifixion », avait-il estimé après sa mort, le qualifiant de « saint pour notre époque ».

D’après Chrissie Foster, qui milite depuis 20 ans pour une évolution au sein de l’Église, Mgr Pell s’était montré indifférent et « agressif » lorsqu’elle lui avait rapporté l’agression de deux de ses filles par un prêtre catholique en banlieue de Melbourne dans les années 1990.

« Je pense que son legs est qu’il a maintenu […] la pratique traditionnelle et pourtant incompréhensible qui consiste à protéger les prêtres pédophiles et à abandonner les enfants », a-t-elle déclaré à l’AFP.

« Le système qu’il a instauré a juste fait en sorte que les victimes continuent de souffrir », a-t-elle ajouté.

Le cardinal Pell a plus tard concédé n’avoir pas fait assez pour protéger les victimes de violences sexuelles de l’Église.

Pour l’historien Miles Pattenden, nombre des partisans du cardinal estimaient qu’il avait été injustement persécuté.

« Ceux qui l’ont cru ont été renforcés dans leur opinion qu’il était un martyr », a-t-il expliqué à l’AFP.

M. Pattenden a déclaré que Mgr Pell était l’une des principales voix conservatrices d’Australie : « cela a fait de lui un héros pour beaucoup […] parce qu’il semblait être le seul catholique de haut rang prêt à exprimer ces opinions », a-t-il dit à l’AFP.  

Par ailleurs, « beaucoup en Australie détestent Pell, et cela était clair dans les réactions (suscitées) par sa mort ».