(Pékin) Le Parti communiste chinois a annoncé dimanche avoir élu tous ses délégués pour son prochain congrès qui débutera le 16 octobre et devrait permettre au président Xi Jinping d’obtenir un troisième mandat inédit à la tête du pays.

Ce conclave quinquennal, le 20e depuis la création du PC chinois en 1921, devrait également déboucher sur une recomposition du comité permanent du tout-puissant Bureau politique qui détient la réalité du pouvoir en Chine.

« Chaque unité électorale dans tout le pays a réuni un congrès du parti ou une réunion représentative du parti et élu 2296 délégués au 20e congrès du parti », a rapporté la télévision d’État CCTV.

Les délégués, parmi lesquels des femmes, des membres des ethnies minoritaires et des experts économiques, scientifiques et sportifs, doivent adhérer à l’orientation idéologique de Xi et à la constitution du parti, a précisé la CCTV.

Le congrès, la date la plus importante du calendrier politique chinois, fournira des indices sur la direction que prendra ces prochaines années le pays le plus peuplé de la planète, et sa seconde économie la plus puissante, aujourd’hui confronté à de nombreux problèmes politiques et économiques.

Il donnera également une idée du degré de contrôle que Xi Jinping exerce sur le parti.

Rivalités

Lors du précédent congrès en 2017, l’homme fort de Pékin avait fait entrer sa « pensée » dans les documents fondateurs du Parti.  

Quelques mois plus tard, la Constitution était modifiée pour supprimer la limite de deux mandats présidentiels. Xi Jinping peut donc en théorie présider à vie la République populaire.

La durée prévue du congrès, organisé à Pékin, n’a pas été précisée.

Les quelque 2300 délégués représentant toutes les provinces et régions du pays y désigneront près de 200 délégués du Comité central du parti, qui à leur tour nommeront les 25 membres du Bureau politique, dont son tout-puissant Comité permanent (sept membres aujourd’hui), le véritable centre du pouvoir en Chine.

Des votes aux allures de formalités, les compositions du Bureau politique et de son Comité permanent semblant décidées à l’avance.

Si le régime communiste donne l’apparence d’unité, en coulisses les rivalités vont bon train et le président cherche toujours à consolider son pouvoir, estiment des analystes.

Depuis l’arrivée de Xi Jinping à la tête de l’État-Parti fin 2012, plus d’un million et demi de cadres ont été sanctionnés dans le cadre d’une vaste campagne anticorruption, selon des chiffres officiels qui remontent à plusieurs années.

Le numéro un chinois est depuis longtemps soupçonné d’utiliser cette campagne afin de s’en prendre à son opposition interne.  

Ralentissement économique, tensions diplomatiques

Le congrès s’ouvrira à un moment où la Chine est confrontée à de nombreuses difficultés, dont un fort ralentissement de sa croissance et un chômage qui a fortement augmenté chez les 16-24 ans pour atteindre près de 20 %.  

Or, le Parti tire sa principale légitimité de l’augmentation du pouvoir d’achat de la population.

La stratégie zéro COVID-19, défendue bec et ongles par le président Xi, est par ailleurs de plus en plus contestée par le grand public et surtout les milieux d’affaires, qui s’alarment des menaces que font peser les confinements sur l’activité.

Sur le plan international, les points de discorde se sont par ailleurs multipliés entre la Chine de Xi Jinping et le grand rival américain : commerce et technologie, sort de la minorité ouïghoure au Xinjiang, répression à Hong Kong, mais aussi tensions autour de Taïwan.

Cette politique étrangère chinoise jugée agressive inquiète l’Occident comme certains voisins de la Chine, d’autant que Pékin s’est rapproché dans le même temps de la Russie, mise au ban par les Occidentaux depuis son invasion de l’Ukraine.