(Rangoun) Au moins 11 enfants ont été tués par une attaque aérienne qui a détruit une école d’un village du nord de la Birmanie, a annoncé mardi l’UNICEF, la junte au pouvoir accusant des milices locales d’utiliser les civils comme boucliers humains.

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a « fortement condamné » l’attaque, selon un communiqué de son porte-parole qui a précisé que le bilan était d’« au moins 13 personnes, dont 11 enfants » tuées.

« Même pendant les conflits armés, les écoles doivent restées des zones où les enfants sont protégés, pour apprendre », a-t-il ajouté. « Les auteurs des crimes internationaux commis en Birmanie doivent être tenus pour responsables ».

Depuis le coup d’État du 1er février 2021 qui a renversé la dirigeante civile Aung San Suu Kyi, le chaos règne en Birmanie, où la junte au pouvoir mène une répression sanglante contre ses opposants, avec près de 2300 civils tués et plus de 15 000 arrêtés, selon une ONG locale.

La région de Sagaing, dans le nord-ouest du pays, a connu les affrontements parmi les plus féroces. Les combats entre des Birmans opposés au coup d’État et l’armée ont entraîné la destruction de villages entiers.

Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) a condamné mardi une attaque aérienne survenue vendredi dans la région.

« Le 16 septembre, au moins 11 enfants sont morts à la suite d’une attaque aérienne et de tirs aveugles dans des zones civiles, dont une école à Depeyin, dans la région de Sagaing », a indiqué l’UNICEF Birmanie.

« Au moins 15 enfants de la même école ont disparu. L’UNICEF demande leur libération immédiate et en toute sécurité », a poursuivi l’agence onusienne.

Une vidéo obtenue d’une association locale montre des taches de sang sur le plancher de l’école et le cadavre d’un enfant enveloppé dans un drap auprès duquel se recueille sa mère.

La junte birmane a confirmé mardi avoir envoyé des troupes en hélicoptères vendredi dernier dans le village de Let Yet Kone, après avoir reçu des informations selon lesquelles des combattants de l’Armée de l’indépendance kachin (KIA), un groupe rebelle militant pour l’indépendance du peuple éponyme, et de l’opposition anti-putsch amenaient des armes dans la région.

La « Tatmadaw » (nom des forces armées birmanes) a accusé les milices locales qu’elle combat d’utiliser les civils comme boucliers humains et de commettre des crimes de guerre.

Plusieurs villageois ont été tués lors de l’opération de vendredi et l’armée a saisi des mines et des explosifs dans le village, selon la même source, qui assure dans un communiqué que les blessés ont été soignés « avec les traitements médicaux appropriés ».

Un porte-parole de la junte, Zaw Min Tun, a assuré mardi que les rebelles de la KIA avaient pris avec eux des civils dans un monastère d’où ils avaient fait feu, de manière à dissuader les militaires de répliquer.

Un habitant du village contacté par l’AFP a opposé une autre version : « Les militaires ont attaqué l’école. Ils ont dit qu’ils avaient été attaqués, et qu’ils avaient répondu, mais c’est faux », a-t-il dit sous condition d’anonymat pour des raisons de sécurité.

Selon ce villageois, les soldats ont emmené avec eux plusieurs corps et arrêté un nombre inconnu de personnes, dont des enfants et des enseignants.

La communauté internationale « doit condamner cette attaque et faire tout ce qui est en son pouvoir pour que les coupables de ces crimes rendent des comptes », a réagi Hassan Noor, directeur pour l’Asie de l’ONG Save The Children.

« Nous demandons à l’Asean (Association des nations d’Asie du Sud-Est) de se mobiliser et d’agir. Combien d’incidents comme celui-ci doivent se produire avant que quelque chose soit fait ? », a-t-il poursuivi.