(Phnom Penh) Le Cambodge et la Chine ont démenti mardi des informations de presse selon lesquelles ils construisent une base navale secrète pour la marine chinoise, tandis que l’Australie, se disant inquiète, appelait à la transparence.

Selon le quotidien américain Washington Post, citant des responsables occidentaux ayant requis l’anonymat, une nouvelle installation est en cours de construction sur la base cambodgienne de Ream, stratégiquement située dans le golfe de Thaïlande, et doit être « exclusivement » utilisée par la marine chinoise.

Cette base est un sujet de contentieux entre le Cambodge et les États-Unis depuis des années. Washington suspecte de longue date que le lieu est transformé pour servir à la Chine, qui cherche à étendre son influence internationale via un réseau de bases militaires.

Le vice-premier ministre cambodgien Prak Sokhon a rejeté les « accusations infondées » du Washington Post lors d’un entretien téléphonique avec la ministre australienne des Affaires étrangères Penny Wong, selon un communiqué du gouvernement cambodgien.

« Le Cambodge n’autorisera pas l’armée chinoise à utiliser le site de façon exclusive ou à le transformer en une de ses bases militaires », avait déclaré plus tôt à l’AFP le porte-parole du gouvernement cambodgien, Phay Siphan.

Le ministre cambodgien de la Défense et l’ambassadeur de Chine dans le pays assisteront mercredi à une cérémonie d’inauguration de nouvelles installations à Ream, dont une nouvelle jetée et un atelier de réparation des bateaux.

En visite en Indonésie, le nouveau premier ministre australien Anthony Albanese a qualifié les informations du Washington Post d’« inquiétantes ».  

« Nous encourageons Pékin à être transparent dans ses intentions et s’assurer que ses activités contribuent à la sécurité et la stabilité régionales », a-t-il déclaré à la presse, ajoutant que le Cambodge avait assuré à l’Australie qu’il ne donnerait jamais un accès exclusif à Ream à une armée étrangère.

L’Australie est de plus en plus inquiète de l’influence grandissante et de l’activisme militaire chinois dans la région Pacifique.

Le premier ministre cambodgien Hun Sen a répété plusieurs fois que les travaux à Ream n’étaient qu’une modernisation du site, ainsi que l’installation d’un nouvel atelier pour bateaux développé avec l’aide de la Chine. « Le Cambodge n’a pas besoin de la présence d’une armée étrangère sur son territoire », avait-il déclaré le mois dernier.

Même son de cloche à Pékin : « La transformation de la base navale de Ream ne vise qu’à renforcer les capacités des forces maritimes cambodgiennes », a affirmé mardi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, Zhao Lijian.