(Nations unies) Le Conseil de sécurité de l’ONU est appelé à voter jeudi soir, à la demande de Washington, une résolution durcissant les sanctions internationales contre la Corée du Nord pour sanctionner ses tirs de missiles, malgré le risque d’entraîner un veto de la Chine et de la Russie.

Les États-Unis, président en exercice du Conseil en mai, ont élaboré un projet de résolution qui prévoit notamment une nouvelle réduction des importations de pétrole par Pyongyang.

Selon un haut responsable américain, une résolution de 2017 du Conseil de sécurité, adoptée alors à l’unanimité, appelait à des sanctions supplémentaires en cas de tir de missile balistique intercontinental comme celui probablement mené mercredi par les Nord-Coréens.

« C’était l’une des conditions de cette résolution. C’est exactement ce qui s’est produit et c’est pourquoi nous pensons qu’il est désormais temps d’agir », a-t-il affirmé, alors que Washington a récemment mis en garde contre l’imminence d’un nouvel essai nucléaire nord-coréen.

Selon un diplomate s’exprimant sous couvert de l’anonymat, Pékin pourrait adopter de nouvelles sanctions en cas d’expérimentation nucléaire. Mais pas pour des essais de missiles, selon lui.

« Nous ne pensons pas que la résolution américaine puisse résoudre un quelconque problème », a indiqué à l’AFP un porte-parole de la mission chinoise à l’ONU. La Chine a proposé une déclaration du Conseil sur la Corée du Nord, mais cette suggestion « est tombée dans l’oreille d’un sourd aux États-Unis », a-t-il déploré.

Les États-Unis « savent quel est le meilleur moyen pour une désescalade, mais ils s’y refusent tout simplement », a estimé ce porte-parole.

Le projet américain prévoit de réduire de quatre à trois millions de barils (525 000 tonnes à 393 750 tonnes) la quantité de pétrole brut que la Corée du Nord serait autorisée à importer chaque année. L’importation de pétrole raffiné, limitée à 500 000 barils par an, passerait à 375 000 barils (ou 46 875 tonnes).

Le texte interdirait également les exportations nord-coréennes de combustibles minéraux et d’horloges, et toute vente ou transfert à Pyongyang de tabac et de produits dérivés. Il prévoit aussi des sanctions individuelles et contre des entreprises.

Tabac et cyberactivités

Il empêcherait également la fourniture à la Corée du Nord de moyens d’information et de communication, afin de lutter contre les cyber-activités développées par Pyongyang pour contourner les sanctions internationales.

Interrogé sur un possible veto de la Chine et la Russie, le haut responsable américain s’est borné à affirmer : « Nous pensons que cette résolution sera fortement soutenue, car c’est une question à l’importance profonde pour nous, évidemment, et pour nos alliés du Japon et de Corée du Sud ».

Pour un ambassadeur membre du Conseil de sécurité, s’exprimant sous couvert d’anonymat, un éventuel veto aura des conséquences négatives pour l’ONU dans ce dossier.

Pyongyang « fait des progrès dans son programme balistique, continue à développer ses activités nucléaires proliférantes et violer les résolutions du Conseil de sécurité ». Mais « une division du Conseil de sécurité sur cette crise serait mauvaise », affirme-t-il, rappelant qu’il s’agit d’une question cruciale de « prolifération nucléaire ».

« Nous devrions accorder la priorité à l’unité des cinq États nucléaires » du Conseil de sécurité (États-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni et France) « sur cette question ». « Si le projet est rejeté, ce sera une bonne nouvelle pour le jeune dirigeant de la Corée du Nord et nous serons alors dans une position difficile pour […] maintenir la pression en faveur d’un régime de sanctions qui fonctionne », a-t-il insisté.

Dans le passé, la Corée du Nord a mené six essais nucléaires sanctionnés notamment en 2017 par une triple série de lourdes sanctions économiques, adoptées à l’unanimité par le Conseil de sécurité.

Depuis, ce Conseil n’a jamais réussi à retrouver son unité sur ce dossier. La Chine et la Russie ayant même été jusqu’à élaborer un projet de résolution allégeant les sanctions contre Pyongyang à titre humanitaire.

Si la Corée du Nord a développé son armement balistique et dispose de plusieurs bombes nucléaires, elle n’est pas encore parvenue, selon des diplomates, à associer les deux technologies.  

Les tirs de missiles nord-coréens mercredi sont survenus peu après le départ de la région du président américain Joe Biden, venu en Asie pour réaffirmer son soutien à Séoul et Tokyo face à la menace nucléaire de Pyongyang.