(Pékin) Des vacances du 1er-Mai ratées, suivi d’une reprise du travail au minimum : les restrictions sanitaires perturbent la vie quotidienne à Pékin, où les autorités sévissent face à une cinquantaine de contaminations quotidiennes.

Loin de la touffeur de l’été ou des rigueurs de l’hiver, la capitale chinoise vit actuellement sa plus belle saison de l’année, avec des températures douces, des ciels bleus et des arbres en fleurs.  

Mais pour nombre de Pékinois, les cinq jours de vacances du 1er-Mai se sont résumés à de courtes balades près de leur domicile, car restaurants, cafés, musées ou gymnases sont fermés et les sorties de la ville découragées.

Face à une vague épidémique qui touche, diversement, une grande partie du pays depuis mars, les habitants sont également contraints de passer un dépistage quotidien, gratuit, sous de petites tentes dressées dans les rues.

Comme ailleurs en Chine, la capitale, peuplée de 22 millions de personnes, applique une stratégie « zéro COVID-19 ». Elle consiste notamment en des confinements d’immeubles et des dépistages massifs pour casser rapidement les chaînes de contaminations.

Le ministère de la Santé a rapporté jeudi 50 nouveaux cas positifs à Pékin. Un chiffre stable depuis quelques jours.

Les autorités avaient appelé la veille habitants et employés du district de Chaoyang, siège du quartier d’affaires et peuplé de 3,5 millions de personnes, à télétravailler ou se rendre au bureau en voiture ou à vélo.  

« Une autre histoire »

Les allées et venues restent libres dans Pékin. Mais la quasi-totalité des salles de spectacles, cinémas et salles de sport sont fermés ainsi qu’une soixantaine de stations de métro.

Si la plupart des restaurants continuent de fonctionner, ils ne peuvent que proposer de la vente à emporter ou des livraisons.

Pour Feng Yinhao, un employé d’un salon de massage du district de Chaoyang, la vie à Pékin reste toutefois « encore normale » comparée à Shanghai (est), la plus grande ville du pays.

Pékin a aussi annoncé mercredi un léger assouplissement pour les voyageurs internationaux, autorisés à sortir de quarantaine après 10 jours à l’hôtel et sept jours à leur domicile-contre un total de 21 jours auparavant.

Une décision prise car le variant Omicron, majoritaire en Chine, a une période d’incubation plus courte et des symptômes généralement plus légers, a indiqué le porte-parole de la mairie.

Les autorités pékinoises sont soucieuses de ne pas imiter la capitale économique chinoise, où un confinement général depuis début avril a créé un fort mécontentement populaire. Les habitants manquent notamment de produits frais.

« La situation actuelle à Pékin, les gens peuvent l’accepter », déclare à l’AFP Zhan Jun, un Pékinois. « Mais si les choses deviennent comme à Shanghai, si c’est trop strict, alors ce sera une autre histoire… »

Le ministère de la Santé a rapporté jeudi plus de 4600 nouveaux cas positifs à Shanghai, épicentre de la récente vague épidémique. Un chiffre toutefois en nette baisse depuis la semaine dernière.  

Au total, une quarantaine de villes en Chine appliquent une forme de confinement ou des restrictions aux déplacements, selon la banque japonaise Nomura.

Une situation qui a porté un coup dur au tourisme durant les congés du 1er-Mai. Le chiffre d’affaires s’est écroulé de plus de 40 % sur un an, selon les chiffres officiels.

Toilettes

Les restrictions anti-COVID-19 pèsent également sur les services : l’activité s’est contractée en avril dans des proportions jamais vues depuis début 2020, au début de la pandémie, selon un indicateur indépendant publié jeudi.

Les Pékinois gardent cependant le sens de l’humour. Et le cas d’une personne testée positive et qui en aurait contaminé des dizaines d’autres après un passage par des toilettes publiques amusait beaucoup jeudi les internautes.

En particulier car l’administration gérant les latrines incriminées exigerait désormais… un test COVID-19 négatif pour les utiliser.

« N’allez pas aux toilettes sauf en cas de nécessité ! Demandez à votre comité de quartier un permis d’aller aux toilettes valable une journée », ironisait un utilisateur du réseau social Weibo, dans un style imitant celui des autorités.