(Bangkok) Deux combattants torse nu s’affrontent sur un ring improvisé sous une bretelle d’autoroute de Bangkok, éclairés par de puissants projecteurs et encouragés par un public avide de sensations fortes : bienvenue au Fight Club de Thaïlande.

Dans le pays où le Muay Thai, -la boxe thaïlandaise-, est roi, avec ses stades clinquants, ses stars et ses règles très techniques, des versions clandestines de combats de rue se multiplient.

« Ici, il n’est pas nécessaire de savoir se battre. Il suffit d’avoir du cœur et c’est tout », explique à l’AFP Chana Worasart, cofondateur du club.

Une fois par mois, le trentenaire organise ces combats clandestins, en partie inspirés du film culte de David Fincher, pour permettre aux amateurs de tester leur talent, ou d’évacuer leur énergie.

C’est certainement ce qui a convaincu Surathat Sakulchue, 23 ans, propriétaire d’une épicerie le jour, de rejoindre ce club fondé en 2016.

« C’est très différent (des combats traditionnels) », a-t-il déclaré à l’AFP, déterminé à recevoir et donner des coups avec ses pieds et ses poings.

Un groupe Facebook de 73 000 membres

De plus, ajoute-t-il, « se battre au milieu des conteneurs de cargo qui nous entourent, c’est à la fois marrant et palpitant ».

Le calendrier des combats, illégaux et passibles d’un an de prison, est annoncé sur un groupe Facebook qui compte 73 000 membres.

Les adversaires sont autorisés à se battre à fond au cours d’un round unique de trois minutes, sans qu’un gagnant ou un perdant ne soit déclaré.

Au cours des années, quelques règles de sécurité ont été introduites : les coups de coude, les prises, les projections au sol et les coups de poing à l’arrière de la tête sont strictement interdits.

« Je ne m’oppose pas à l’idée d’en faire des combats légaux, mais en même temps nous ne voulons pas perdre l’identité underground, donc la question est où est l’équilibre ? » explique Chana à l’AFP.

« Nous ne demandons pas aux combattants de s’entretuer. Si vous êtes trop fatigué ou trop blessé pour continuer, nous arrêtons le combat », assure-t-il.

Après avoir croisé les poings et touché les gants de son adversaire, Ilya Ostroushchenko, un boxeur amateur russe, ne retient pas son envie de gagner.

Après avoir donné un coup de pied au torse de son adversaire, il lui assène une série de coups de poing, et un crochet du gauche au visage fait finalement trébucher son opposant thaï sur le simple tapis en caoutchouc.

La foule hurle avec enthousiasme « Somchai », le surnom thaï qui lui a été donné.

Apparemment calme et posé pendant le combat, le Russe de 22 ans a confié à l’AFP qu’il avait les nerfs à vif juste avant de monter sur le ring informel.

« Mes mains tremblent. Mes genoux tremblent aussi mais quand je vais au centre du ring, je me sens bien » .