(Taipei) L’armée taïwanaise a déclaré mercredi qu’elle observait de près la guerre en Ukraine, et tirait des leçons de l’invasion russe en vue de son exercice militaire annuel qui se déroulera en juillet, durant lequel l’île simule sa défense contre une potentielle attaque chinoise.  

« Le ministère de la Défense suit de près, étudie et analyse la guerre entre la Russie et l’Ukraine ainsi que les mouvements de l’armée communiste », a dit aux journalistes le général de division Lin Wen-huang, faisant référence à l’armée de la Chine continentale.

« Nous tirerons les leçons de la guerre russo-ukrainienne pour continuer à améliorer nos capacités en matière de guerre asymétrique, de guerre cognitive, de guerre électronique et de force de réserve », a-t-il ajouté, lors de l’annonce de la tenue en juillet des traditionnels exercices militaires « Han Kuang » (« Gloire de Han »).

Les 23 millions habitants de l’île vivent sous la menace constante d’une invasion par la Chine, qui considère l’île démocratique comme une partie de son territoire à reprendre un jour, par la force si nécessaire.  

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a renforcé les craintes côté taïwanais que Pékin concrétise ses menaces d’annexion.

Selon le ministère de la Défense, « Han Kuang » simulera notamment « toutes les actions possibles (de la Chine) pour envahir Taïwan ». L’un de ses objectifs est de renforcer les capacités d’attaque en mer.

Taïwan et la Chine continentale sont séparées par le détroit de Taïwan, une voie navigable étroite que Pékin revendique comme sienne.   

La Chine réagit souvent avec colère au passage de navires étrangers dans le détroit. Elle s’est emportée mercredi contre le passage, la veille, du destroyer américain USS Sampson.

Le colonel Shi Yi, porte-parole de la Zone d’opération Est de l’armée chinoise, a accusé Washington « d’envoyer des signaux erronés aux forces indépendantistes de Taïwan et de compromettre délibérément la paix et la stabilité du détroit de Taïwan ».

Pékin a intensifié sa pression sur Taïwan depuis l’arrivée au pouvoir en 2016 de la présidente Tsai Ing-wen qui considère l’île comme une nation déjà souveraine et ne faisant pas partie d’« une seule Chine ».

L’an dernier, Taïwan a enregistré 969 incursions d’avions de guerre chinois dans sa zone de défense aérienne, selon une base de données compilées par l’AFP – plus du double des quelque 380 enregistrées en 2020.