(Séoul) La Corée du Nord fera usage de l’arme nucléaire pour « éliminer » l’armée sud-coréenne si celle-ci lance une attaque préventive, a assuré mardi la sœur influente du dirigeant Kim Jong-un.

Cet avertissement de Kim Yo Jong, relayé par les médias publics, constitue sa deuxième réaction furieuse en trois jours aux propos du ministre sud-coréen de la Défense Suh Wook la semaine dernière.

Suh Wook avait déclaré vendredi que son pays disposait de missiles « capables de frapper précisément et rapidement n’importe quelle cible en Corée du Nord », alors que Pyongyang multiplie ces derniers mois les essais de missiles balistiques et menace de reprendre ses essais nucléaires.

En réponse, Kim Yo Jung a déclaré mardi que c’était une « très grosse erreur » pour ce « fou » de Suh Wook d’avoir discuté d’une attaque préventive contre une puissance nucléaire, selon l’agence de presse nord-coréenne KCNA.

« Si la Corée du Sud opte pour une confrontation militaire avec nous, notre force de combat nucléaire devra inévitablement remplir sa mission », a prévenu Kim Yo Jong.

Cette conseillère politique clé à Pyongyang a rappelé que la « mission première » des forces nucléaires de son pays était de servir de moyen de dissuasion, mais que si un conflit armé devait éclater, ces armes seraient utilisées pour « éliminer les forces armées de l’ennemi lors d’une frappe ».

En cas d’« attaque épouvantable », les forces sud-coréennes connaîtraient un « destin misérable qui n’est rien d’autre que la destruction totale et la ruine », a-t-elle avancé.

« Option viable »

« Nous ne (les) considérons pas comme un adversaire pour nos forces armées », a-t-elle déclaré, en faisant référence à l’armée sud-coréenne.

Mme Kim avait déjà fustigé dimanche les « remarques imprudentes » de M. Suh, avertissant que le Sud devait « se discipliner s’il veut éviter le désastre ».

L’équipe de transition du président désigné Yoon Suk-yeol a assuré mardi que l’option d’une frappe préventive n’était pas exclue, si nécessaire, une position déjà tenue par M. Yoon pendant la campagne.

« Les frappes préventives sont une des actions qui sont acceptées dans le monde entier, y compris à l’ONU, comme option viable […] lorsqu’une menace persiste », a déclaré mardi à la presse le porte-parole Kim Eun-hye.

La Corée du Nord avait suspendu ses essais nucléaires et de missiles à longue portée lorsque Kim Jong-un et le président américain de l’époque, Donald Trump, avaient entamé des pourparlers très médiatisés, qui avaient échoué en 2019. Les négociations sont depuis lors au point mort.

Pendant les cinq années de présidence de Moon Jae-in, Séoul a mené une politique de dialogue avec Pyongyang, tout en réduisant le nombre d’exercices militaires avec les États-Unis, que le Nord perçoit comme des provocations.

Mais pour le président désigné Yoon Suk-yeol, qui prendra ses fonctions en mai, cette approche « servile » a été un échec patent, et il a promis d’adopter une ligne dure à l’égard de Pyongyang.

La Corée du Nord célèbre ce mois-ci le 110e anniversaire de la naissance de son fondateur, Kim Il-sung, grand-père de l’actuel dirigeant.

Habituellement, Pyongyang aime marquer les anniversaires importants par des parades militaires, de grands tests d’armement ou des lancements de satellite.