(Hong Kong) Les habitants de Hong Kong avaient la désagréable sensation mercredi d’être de retour en 2020 en voyant des gens se bousculer pour faire des provisions, au lendemain de l’annonce de sévères restrictions consécutives à une flambée du nombre de cas.  

« On a l’impression d’être revenu au début de la pandémie. C’est très décourageant », se lamentait Cheung, un client en attendant devant un coiffeur, à la veille de la fermeture de tous les salons.

Au moment où le reste du monde connaît un retour à la vie normale, à l’instar de la Chine continentale, Hong Kong a adopté la stratégie « zéro COVID-19 » qui consiste en des restrictions draconiennes d’entrée sur le territoire, des confinements ciblés et un traçage des cas et des dépistages massifs.

Mercredi, 1161 cas ont été enregistrés, pour une population de moins de 7,5 millions d’habitants, un chiffre record, mais dérisoire par rapport à la majorité des pays.  

La veille, la cheffe de l’exécutif, Carrie Lam, a réitéré que la stratégie zéro-COVID-19 restait la meilleure, en raison d’un faible taux de vaccination chez les personnes les plus âgées, tout en annonçant des mesures de restrictions sans précédent.

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La cheffe de l’exécutif de Hong Kong, Carrie Lam

Les rassemblements de plus de deux personnes sont interdits et pour la première fois, plus de deux familles ne pourront pas se réunir à domicile. Elle a également ordonné la fermeture des édifices religieux et des salons de coiffure.

Depuis l’apparition du variant très contagieux Omicron, les autorités ont déjà fermé les bars, mis en place un couvre-feu pour les restaurants, fermé les écoles et interdit les arrivées en provenance de huit pays (États-Unis, Inde, France, Royaume-Uni…).  

Mercredi, les Hongkongais se pressaient à travers les marchés de la ville pour constituer des réserves de nourriture, redoutant des pénuries de certaines denrées.  

« On a l’impression que le gouvernement n’est pas du tout préparé, et que nous, citoyens ordinaires, ne pouvons que nous débrouiller seuls », a témoigné mercredi une femme prénommée Siu, 42 ans.

« Quand cesserez-vous ? »

Elle était parmi une foule de personnes qui se sont levées aux aurores pour être sûres de trouver des produits frais, que la ville importe majoritairement de la Chine continentale voisine.  

En début de semaine, un chauffeur de camion transfrontalier a été déclaré positif à la COVID-19, ce qui a entraîné une suspension temporaire des livraisons par camions.   

L’approvisionnement en légumes a depuis diminué d’environ un tiers, selon le gouvernement de Hong Kong.

Cette soudaine hausse de la demande a fait grimper les prix dans les marchés alors qu’il était impossible de trouver certains produits dans les rayons des supermarchés.  

« Je ne me souviens pas que les légumes n’aient jamais été aussi chers », a déclaré Siu, soulignant que sa facture d’épicerie a doublé cette semaine.

Un propriétaire d’un étal de légumes a affirmé avoir plus de produits qu’en début de semaine.

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La hausse de la demande et la diminution de l’approvisionnement ont fait grimper les prix des légumes dans les marchés de Hong Kong.

« J’espère que les choses vont revenir à la normale. Je ne sais pas combien de temps nous pourrons continuer comme ça », a-t-il dit en tentant de répondre à tous les clients qui prenaient son stand d’assaut.

Le gouvernement a également ordonné la fermeture des édifices religieux et des salons de coiffure à compter de jeudi, ce qui a conduit les Hongkongais à se précipiter chez les coiffeurs pour une coupe de dernière minute.

« Ils disent que cette fermeture est temporaire, mais qui sait quand ils rouvriront », se désespérait Cheung, en attendant de se faire couper les cheveux.

Les Hongkongais se sont précipités sur les réseaux sociaux pour exprimer leur ressentiment.  

« Nous avons fait tout ce que vous demandez, nous sommes restés assis tranquillement alors que la santé mentale fait des ravages, que les familles sont déchirées et que les entreprises ferment parce que tout cela est dans l’espoir que la Chine rouvre nos frontières », a écrit un habitant dans une lettre ouverte devenue virale.  

« Vous avez essayé pendant deux ans, et vous avez échoué », poursuit la lettre.  

« Quand cesserez-vous de prendre en otage les citoyens de cette ville qui fut autrefois une ville d’Asie ? »