(Genève) L’architecte chinois derrière le stade de Pékin ayant accueilli la cérémonie d’ouverture des Jeux d’hiver de vendredi s’est moqué du chef de l’agence de santé des Nations unies, affirmant que la Chine devrait lui décerner « une médaille d’or » pour ne pas avoir posé de questions difficiles sur sa gestion de la pandémie de COVID-19.

Ai Weiwei, sans doute le dissident le plus connu de Chine, a critiqué le bilan de Pékin en matière de droits de la personne et sa réponse à la pandémie, dans une entrevue avec l’Associated Press vendredi, dans laquelle il a également pris pour cible le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus. M. Ai a également accusé les gouvernements de montrer trop de déférence envers la Chine pour des intérêts commerciaux ou politiques.

Il a ri avec dérision après avoir entendu que M. Tedros avait publié une photo sur Twitter le montrant dans un survêtement d’hiver rouge et blanc de « Pékin 2022 » et une casquette en laine assortie, alors qu’il portait la flamme olympique lors du relais de la torche en Chine.

« Mon Dieu ! Il devrait obtenir une médaille d’or de la Chine, car il n’a jamais posé la bonne question, a lancé M. Ai lors d’une conversation vidéo.

Où est sa conscience, à ce type ? Vous savez, tous ces gens qui sont censés défendre la santé humaine et donner la bonne information, mais ne posent jamais la bonne question et (sont) toujours du côté de la propagande.

Le dissident chinois Ai Weiwei,

« Ils sont tellement ridicules. »

Éloges et déférence

Sous M. Tedros, l’OMS a été sévèrement critiquée par l’administration du président américain Donald Trump en 2020 pour ses prétendus faux pas et sa déférence excessive envers la Chine, et ses éloges pour la Chine lorsque la pandémie de COVID-19 est apparue pour la première fois dans la ville de Wuhan, il y a environ deux ans.

Dans son message sur Twitter vendredi, M. Tedros a écrit que sa participation au relais de la torche le remplissait d’humilité.

« Les Jeux olympiques sont une source d’espoir et je souhaite que cette flamme apporte l’espoir aux gens du monde entier que nous pouvons mettre fin à la #COVID19 ensemble », a-t-il écrit, tout en remerciant le président du CIO pour l’invitation.

Par-dessus tout, M. Ai a souligné le mauvais bilan du gouvernement chinois en matière de droits de la personne, affirmant que les espoirs qu’il aurait pu s’améliorer depuis que Pékin a accueilli les Jeux d’été de 2008 n’ont pas été satisfaits.

« C’est vraiment, vraiment incroyable après 14 ans de cela […], nous nous tournons vers le même pays, un pays (qui n’a) pas évolué d’un pouce vers de meilleurs droits de la personne et de meilleures conditions de liberté d’expression, mais est plutôt devenu très arrogant », a déclaré M. Ai.

« Lavage de cerveau »

Il a ajouté que le gouvernement du Parti communiste chinois avait lavé le cerveau de ses concitoyens de son pays natal qui « montrent en quelque sorte leur soutien patriotique au parti », et a noté que tout commentaire s’écartant de cela sur les réseaux sociaux comme Weibo en Chine « disparaîtra ».

M. Ai a également pris pour cible le Comité international olympique, affirmant que les Jeux représentent « de grandes affaires pour eux ». Il a déclaré que le CIO « n’a jamais protégé » les droits de la personne et est « toujours en train de défendre […] tout ce que fait la Chine — ce qui est dommage ».

M. Ai n’a pas non plus donné de passe-droit aux autres pays — ceux comme la Russie, qui étaient représentés aux plus hauts niveaux aux Jeux, mais aussi certains pays occidentaux qui ont opté pour un boycottage diplomatique des Jeux ou ont décidé de rester à l’écart pour des raisons telles que les préoccupations liées à la COVID-19. Il leur a reproché d’avoir deux poids, deux mesures.

« Ils disent très doucement : “Nous ne participons pas officiellement.” Pour moi, c’est une farce, a déclaré M. Ai. Donc, en Occident, le problème est qu’on ne peut pas trouver une meilleure stratégie, mais on utilise cela comme une preuve pour dire : “OK, nous défendons ces principes”. »

« Mais dans la réalité, ils ne le font pas : ils fonctionnent comme d’habitude, a-t-il ajouté. Beaucoup de pays sont hypocrites. »