(Wellington) Les îles Tonga apparaissent dévastées, avec des pans entiers de leur territoire couverts de cendres ou ravagés par un tsunami, montrent de nouvelles images satellitaires parues mardi, sur lesquelles le volcan qui a fait explosion samedi semble presque entièrement englouti dans l’océan Pacifique.

Trois jours après l’éruption qui a provoqué le tsunami et fait trois morts, selon l’ONU, l’étendue des dégâts reste mal connue dans ce petit royaume de 100 000 habitants, coupé du monde après la rupture du câble le reliant au réseau internet.

L’éruption volcanique, entendue jusqu’en Alaska (États-Unis), à plus de 9000 km de là, a été la plus importante enregistrée depuis des décennies : un énorme champignon de fumée de 30 km de haut, qui a dispersé cendres, gaz et pluies acides à travers la région Pacifique, immédiatement suivi du déclenchement d’un tsunami.

PHOTO SERVICES GÉOLOGIQUES DE TONGA, VIA REUTERS

Un énorme champignon de fumée de 30 km de haut, qui a dispersé cendres, gaz et pluies acides à travers la région Pacifique.

Des vagues de 15 mètres de haut ont été enregistrées, a témoigné le gouvernement des Tonga dans un communiqué. Elles ont déferlé sur la capitale Nuku’alofa, dont les habitants ont fui vers les hauteurs, laissant derrière eux des maisons inondées, tandis que des roches et de la cendre tombaient du ciel.

Trois personnes ont été tuées et « un certain nombre » ont été blessées, a ajouté le gouvernement sur Twitter, qualifiant l’explosion du volcan de « désastre sans précédent ».

Parmi les morts figure une Britannique âgée de 50 ans, Angela Glover, emportée par le tsunami après avoir essayé de sauver les chiens de son refuge.

Des images satellitaires diffusées mardi par Maxar Technologies montrent une vaste étendue d’eau à l’endroit même où une grande partie du volcan s’élevait au-dessus de la mer avant l’éruption. Seules deux îles volcaniques relativement petites restent émergées.

PHOTO MAXAR TECHNOLOGIES, VIA REUTERS

Des images satellitaires diffusées mardi par Maxar Technologies montrent une vaste étendue d’eau à l’endroit même où une grande partie du volcan s’élevait au-dessus de la mer avant l’éruption. Seules deux îles volcaniques relativement petites restent émergée

« Ce que nous voyions au-dessus de l’eau et qui est détruit maintenant, ce n’était que la pointe d’un volcan qui avait grandi sur le bord de l’énorme volcan sous-marin », a expliqué Heather Handley, vulcanologue à l’université Monash, en Australie.

Sur des images aériennes prises par un vol de surveillance néozélandais, la côte d’une île est bordée d’arbres passés du vert au gris sous l’effet des retombées volcaniques. Les cendres ont aussi recouvert les champs de l’île, selon d’autres images d’un avion de patrouille de l’armée australienne.

PHOTOS PLANET LABS PBC, VIA ASSOCIATED PRESS

Des photos prises par un satellite et fournies par la société Planet Labs PBC montrent la côte d’une île bordée d’arbres, qui sont passés du vert au gris sous l’effet des retombées volcaniques

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a souligné mardi dans un communiqué que son officier de liaison à Tonga, Yutaro Setoya, assurait la communication entre les agences onusiennes et le gouvernement local.

Téléphone satellitaire

« Les lignes téléphoniques internationales et la connexion internet étant toujours en panne, le téléphone satellite du Dr Setoya est l’un des rares moyens d’obtenir des informations », selon l’OMS.

L’officier de liaison « se tient littéralement debout à l’extérieur depuis l’aube jusqu’à tard dans la nuit ces derniers jours pour s’assurer que le téléphone puisse recevoir le signal satellite », a raconté Sean Casey, le coordonnateur santé de l’OMS pour le Pacifique.

L’OMS a ajouté qu’une centaine de maisons avaient été endommagées, dont 50 détruites sur la principale île des Tonga, Tongatapu, où cinq à dix centimètres de cendres et de poussière sont tombés.

En raison du risque de pollution par les résidus volcaniques, la Croix-Rouge a annoncé l’envoi de 2516 conteneurs d’eau.

La capitale Nuku’alofa a été recouverte de deux centimètres de cendres et de poussières volcaniques, décrit l’OCHA dans un rapport d’urgence. L’électricité a été rétablie dans certains quartiers de la ville, de même que le réseau téléphonique local, mais les communications internationales sont interrompues.

PHOTO AVIATION NÉO-ZÉLANDAISE, VIA AGENCE FRANCE-PRESSE

Cette photo prise le 17 janvier 2022 et reçue le 18 janvier des Forces armées néo-zélandaises montre une zone couverte de cendres volcaniques aux îles Tonga, après l’éruption du volcan Hunga Tonga-Hunga Ha'apaï le 15 janvier. La photo a été prise d’un avion de patrouille maritime P-3K2 Orion.

L’agence s’inquiète plus particulièrement de la situation sur l’île de basse altitude Mango, où des « dégâts immobiliers importants » ont été repérés et où un signal de détresse a été déclenché, ainsi que sur celle de Fonoi.

Des images satellites diffusées par le Centre satellitaire des Nations unies (UNOSAT) ont montré les conséquences de l’éruption et du tsunami sur la petite île de Nomuka, l’une des plus proches du volcan Hunga-Tonga-Hunga-Ha’apai.

Selon l’UNOSAT, 41 des 104 structures repérées dans la zone sans nuages étaient endommagées et presque toutes étaient recouvertes de cendres.

Marée noire au Pérou

L’Australie a expliqué attendre que la piste de l’aéroport soit nettoyée des cendres volcaniques avant d’y faire atterrir un avion militaire C-130.

PHOTO AVIATION AUSTRALIENNE, VIA ASSOCIATED PRESS

Un avion militaire C-130 de l'aviation australienne au décollage de la base de Richmond, en Australie, le mardi 18 janvier 2022. L'aviation australienne a fait plusieurs vols au dessus de l'archipel ravagé, mais devait attendre que la piste de l’aéroport soit nettoyée des cendres volcaniques avant d’y faire atterrir un C-130 chargé d'aide humanitaire. .

À Genève, en Suisse, les agences de l’ONU ont déclaré mardi qu’elles tenteraient de garder les îles Tonga, qui sont un pays exempt de COVID-19, à l’abri de la pandémie pendant les opérations d’aide.

Le tsunami a eu des effets jusque sur les côtes japonaises et américaines.

Au Pérou, où deux femmes s’étaient noyées samedi dans de fortes vagues consécutives à l’éruption, les autorités ont fermé lundi trois plages touchées par une marée noire causée par les hautes vagues dans la province de Callao, non loin de Lima.