(Sagar Island) Des centaines de milliers de pèlerins indiens ont commencé à se rassembler jeudi sur une île du Gange pour Gangasagar Mela, grand festival religieux, où sont attendues des millions de personnes, en dépit d’une recrudescence alarmante des cas de COVID-19.

Malgré cette flambée imputée au variant Omicron, un tribunal de Calcutta a autorisé la semaine dernière la tenue de la Gangasagar Mela sur l’île de Sagar, à l’embouchure du Gange, dans l’État du Bengale occidental (est).  

Jusqu’à trois millions de pèlerins hindous, dont des sadhous, ces ascètes aux corps couverts de cendres, coiffés de dreadlocks, y sont attendus pour des bains expiatoires rituels dans le fleuve sacré, vendredi.  

Appel au dépistage

Le gouvernement de l’État a lancé un appel à la prudence à la population l’invitant à effectuer des dépistages de la COVID-19.

Mamata Banerjee, ministre en chef du Bengale occidental, a recommandé le port d’un double masque et demandé aux pèlerins de ne pas « cracher », une habitude, qui selon elle, « propage le virus ».  

Jeudi, l’Inde a dénombré 247 417 contaminations supplémentaires en 24 heures.

Au plus fort de la pandémie, en mai, l’Inde enregistrait plus de 400 000 nouvelles contaminations et quelque 4000 décès par jour.

Personne dans le pays ne peut oublier les scènes traumatisantes vécues dans les hôpitaux débordés de malades à l’agonie, en manque d’oxygène, les crématoriums et les cimetières peinant à répondre à l’afflux de dépouilles.

L’Inde semble aujourd’hui mieux préparée à résister à Omicron qu’elle ne l’était au printemps, lorsque le variant Delta avait emporté plus de 200 000 personnes en quelques semaines.

« Un grand défi »

L’épouvantable vague épidémique avait enflé consécutivement au festival de la Kumbh Mela, l’un des plus grands rassemblements religieux du monde, qui avait attiré environ 25 millions de pèlerins hindous.  

Ces festivités, ainsi que de grands rassemblements politiques organisés dans plusieurs États, avaient été dénoncés par les experts.  

À l’instar de la Kumbh Mela, Gangasagar Mela draine des fidèles en provenance de tout le nord de l’Inde, voyageant à bord de trains, de bus et de bateaux bondés pour atteindre l’île. Ils rentreront chez eux potentiellement contaminés par Omicron extrêmement contagieux.

« C’est un grand défi, en pleine déferlante du variant, de maintenir toute distanciation sociale », a déclaré à P. Ulganathan, un magistrat du district.  

« Il ne fait aucun doute qu’un tel rassemblement, et la promiscuité des gens, va accroître la propagation. Nous les appelons continuellement à adopter un comportement adéquat », a-t-il ajouté.  

« La mort, vérité ultime »

Selon Amitava Nandy, virologue à l’École de médecine tropicale de Calcutta, le gouvernement local « n’est doté ni d’installations ni de main-d’œuvre » pour tester toutes les personnes présentes ou imposer des normes anti-COVID-19.  

Le festival « pourrait bien se terminer en super propagateur du virus en Inde », a confié le médecin.

Mais pour Sarbananda Mishra, hindou fervent de 56 ans, venu de l’État voisin du Bihar, « la foi en Dieu vaincra la peur de la COVID-19. Le bain les nettoiera de tous leurs péchés et leur apportera le salut ».

« La mort est la vérité ultime. Quel est l’intérêt de vivre la peur au ventre ? », a déclaré cet instituteur, prenant un peu de repos avant de se rendre au festival.