(Idi) Une Indonésienne a été fouettée 100 fois pour adultère jeudi, dans la province conservatrice d’Aceh, la seule région d’Indonésie qui applique la loi islamique de la charia, tandis que son partenaire, qui a rejeté les accusations, n’a reçu que 15 coups de fouet.  

Le tribunal a prononcé une peine plus lourde pour la femme, car cette dernière a avoué aux enquêteurs avoir trompé son mari, a déclaré Ivan Najjar Alavi, le chef de la division des enquêtes générales au bureau du procureur.

À contrario, les juges n’ont pas cru pouvoir condamner son compagnon, pourtant lui aussi marié, à une peine aussi sévère.  

« Pendant le procès, il n’a rien admis, il a rejeté toutes les accusations. Ainsi, (les juges) ne sont pas en mesure de prouver sa culpabilité », a fait savoir M. Alavi aux journalistes, après la flagellation publique des contrevenants.

PHOTO CHAIDEER MAHYUDDIN, AGENCE FRANCE-PRESSE

Un homme accusé d’avoir eu des relations prémaritales se faisant fouetter en public par un officiant islamique, le 4 septembre 2020, devant la mosquée Al Munawarah, à Jantho, dans la province indonésienne d’Aceh, où est appliquée la charia. La loi islamique prévoit le fouet en public comme châtiment pour divers péchés. En Indonésie, le châtiment est appliqué avec un fouet en rotin.

En guise de châtiment alternatif, il a été reconnu coupable d’avoir « montré des signes d’affection à une autre femme que son épouse ».  

Le couple avait été surpris par des habitants de la région dans une plantation d’huile de palme, en 2018.  

Flagellée, la femme a eu du mal à supporter la douleur. Son supplice a été brièvement interrompu, a constaté un journaliste de l’AFP.

Ce même jour, un autre homme, reconnu coupable pour avoir eu des relations sexuelles avec une mineure, a été frappé 100 fois de la même manière. Il devra également passer 75 mois en prison, selon les procureurs.  

Diffusé sur les réseaux sociaux

Des dizaines de personnes se sont déplacées pour assister aux châtiments. La scène a été filmée puis diffusée sur les réseaux sociaux.  

Un spectacle critiqué par les défenseurs des droits de l’Homme, qui ont dénoncé la cruauté de cette pratique, bien qu’elle soit soutenue par la population d’Aceh, dont les cinq millions d’habitants sont à 98 % musulmans.  

Cette province très conservatrice bénéficie d’une relative indépendance depuis un accord conclu avec les autorités centrales à Jakarta en 2005 pour mettre fin à un conflit de plusieurs dizaines d’années avec des rebelles indépendantistes.

Port du voile obligatoire

Le port du voile y est obligatoire pour les femmes, l’adultère, les relations sexuelles hors mariage ou avec une personne du même sexe sont punis. La consommation d’alcool ou le jeu sont interdits. Le cinéma est banni, pour éviter les comportements « non islamiques ».  

La région d’Aceh a envisagé un temps la décapitation pour les crimes les plus graves, mais le gouvernement indonésien y a mis son veto.

En 2019, officiellement, 43 hommes et 42 femmes ont été condamnés à la flagellation pour crimes religieux dans la seule ville de Banda Aceh.