(Rangoun) Le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Peter Maurer a rencontré jeudi le chef de la junte birmane et a réclamé un « accès humanitaire plus large » vers des zones de conflit entre l’armée birmane et des groupes insurgés ethniques, a indiqué l’organisation humanitaire.

Lors de sa rencontre avec le chef de la junte Min Aung Hlaing, Peter Maurer a demandé « des accès humanitaires plus larges » vers des États frontaliers où des affrontements opposent, depuis le coup d’État du 1er février, l’armée birmane à des groupes armés d’insurgés de minorités ethniques, selon un communiqué du CICR.

Il a également demandé que le CICR soit autorisé à reprendre ses « visites et activités humanitaires » dans les prisons de Birmanie qui ont été suspendues à cause de l’épidémie de coronavirus.

Coup d’État et chaos

Le chef de la junte s’est montré « évasif », mais n’a pas rejeté les demandes présentées par M. Maurer, a indiqué un journal japonais, se référant à des sources proches de l’entretien.

Le CICR n’a pas précisé le lieu de la rencontre.

Depuis le coup d’État, l’économie et le système bancaire de la Birmanie sont paralysés tandis que des centaines de milliers de Birmans pauvres ont perdu leur emploi et ont du mal à se procurer de la nourriture.

Les grèves et les violences ont contraint la plupart des ateliers à fermer et les habitants n’ont plus accès aux maigres prestations sociales, car le système bancaire est en grande partie paralysé.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies estime qu’au cours des prochains mois, jusqu’à 3,4 millions de personnes supplémentaires auront des difficultés à se nourrir et s’apprête à tripler son aide alimentaire d’urgence.

Regain d'efforts diplomatiques

Cette visite survient alors que des émissaires de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean) sont aussi arrivés jeudi en Birmanie pour y rencontrer le chef de la junte, a déclaré à l’AFP un haut responsable du gouvernement birman.

Erywan Pehin Yusof, le vice-ministre des Affaires étrangères du Brunei, et le secrétaire général de l’ASEAN Lim Jock Hoi, « sont arrivés ce soir et rencontreront demain matin le commandant en chef » des militaires auteurs du coup d’État du 1er février, Min Aung Hlaing, a dit ce responsable qui a requis l’anonymat.

Le service de presse de la junte a fait savoir jeudi qu’il allait bientôt « publier » davantage d’informations sur ces rencontres.

La répression par la junte a provoqué la mort de plus de 800 personnes, selon une ONG locale qui recense les victimes.

L’Asean a entrepris des efforts diplomatiques pour tenter de régler la crise, mais les luttes intestines au sein de cette organisation n’ont pas permis d’enregistrer des progrès.

Il n’a pas été précisé dans l’immédiat si les envoyés de l’ASEAN rencontreraient les membres d’un gouvernement fantôme formé par des députés évincés — pour la plupart de la LND — qui tente de rassembler les opposants aux putschistes.

Le chef de la junte, Min Aung Hlaing, a participé à une réunion à Jakarta avec les dirigeants des dix pays de l’Asean en avril, son premier voyage à l’étranger depuis qu’il s’est emparé du pouvoir.

Les responsables de cette organisation internationale ont diffusé une déclaration appelant à la « cessation immédiate de la violence » et à la visite en Birmanie d’un envoyé spécial régional.

Min Aung Hlaing a expliqué son coup d’État en invoquant une fraude électorale présumée pendant le scrutin de novembre, remporté haut la main par la LND.

L’envoyée de l’ONU interdite de séjour

L’envoyée spéciale de l’ONU pour la Birmanie, Christine Schraner Burgener, était présente en marge du sommet d’avril, mais elle n’a pas reçu l’autorisation de se rendre en Birmanie.

Elle a déclaré à la presse vendredi que la junte lui avait fait savoir que ce n’était « pas le bon moment » pour elle d’aller en Birmanie.

La dirigeante civile destituée, Aung San Suu Kyi, n’a été vue en public qu’une seule fois depuis le coup d’État.

Elle fait l’objet d’une série d’accusations criminelles, notamment pour n’avoir pas respecté les restrictions relatives au coronavirus pendant la campagne électorale de l’an dernier et pour avoir possédé des talkies-walkies sans autorisation.

Elle a déclaré le mois dernier que son parti, la LND, « existerait tant que le peuple existerait ».