(Tokyo) Le gouvernement japonais a approuvé vendredi les vaccins contre la COVID-19 de Moderna et AstraZeneca, avec des réserves toutefois sur ce dernier, alors que l’état d’urgence sanitaire était élargi à Okinawa (sud), portant à 10 le nombre de départements placés sous ce régime.

« Aujourd’hui, nous avons ajouté Okinawa aux régions en état d’urgence » parce que « le nombre de nouveaux cas, en particulier parmi les jeunes, augmente rapidement et que les hôpitaux sont débordés », a dit le premier ministre Yoshihide Suga lors d’une réunion avec des ministres impliqués dans la lutte contre le coronavirus.  

Dans l’archipel d’Okinawa, l’état d’urgence entrera en vigueur dimanche et durera jusqu’au 20 juin, a-t-il précisé.

L’état d’urgence sanitaire, qui implique notamment la fermeture des bars et des restaurants à 20 h, est déjà en vigueur jusqu’au 31 mai dans neuf départements, dont Tokyo.  

Par ailleurs, les autorités ont approuvé les vaccins de Moderna et d’AstraZeneca, ce qui devrait permettre d’accélérer la laborieuse campagne de vaccination au Japon pour laquelle le gouvernement est vivement critiqué à deux mois des Jeux olympiques de Tokyo-2020 (23 juillet-8 août).

Moins de 2 % des 125 millions d’habitants du Japon ont en effet reçu les deux injections du vaccin de Pfizer/BioNTech, le seul approuvé par le gouvernement japonais jusqu’ici.

Pour être commercialisé dans l’archipel nippon, tout produit de santé doit faire l’objet d’études cliniques complémentaires sur le territoire japonais, ce qui a retardé la mise à disposition des vaccins par rapport à d’autres pays.

La libération de premiers lots de Moderna devrait ainsi accélérer la campagne de vaccination, d’autant qu’elle devrait coïncider avec l’ouverture la semaine prochaine de deux centres de vaccination de masse à Tokyo et Osaka (ouest) gérés par l’armée.

PHOTO CHARLY TRIBALLEAU, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des participants prennent part à une simulation de vaccination organisée par les Forces d'autodéfense japonaises, le 21 mai à Tokyo.

Le Japon ne devrait cependant pas utiliser immédiatement le vaccin d’AstraZeneca en raison de cas rares mais graves de thromboses (caillots sanguins) constatés dans d’autres pays.

« Aucune objection n’a été soulevée » par un comité du ministère de la Santé à la proposition de poursuivre les discussions sur le vaccin d’AstraZeneca, « tout en observant la situation dans d’autres pays », a déclaré un porte-parole du ministère.

Vaccin Moderna produit au Japon ?

La population japonaise est majoritairement contre la tenue des Jeux olympiques de Tokyo cet été, redoutant que l’évènement n’aggrave encore la situation sanitaire alors que l’archipel connaît une quatrième vague de la COVID-19 ayant entraîné le retour d’un dispositif d’état d’urgence.

Le gouvernement compte achever la phase de vaccination des personnes âgées de 65 ans et plus d’ici fin juillet, soit en plein milieu des JO, mais cet objectif semble difficile à atteindre.

Le président du Comité international olympique (CIO) Thomas Bach a toutefois assuré mercredi qu’au moins 75 % des résidants du village olympique seraient vaccinés.

Le Japon a passé des accords avec plusieurs firmes pharmaceutiques pour être en mesure de vacciner l’ensemble de sa population : le gouvernement a notamment commandé près de 200 millions de doses auprès de Pfizer/BioNTech, 50 millions de doses auprès de Moderna et 120 millions de doses auprès d’AstraZeneca.

Le PDG de Moderna, le Français Stéphane Bancel, a par ailleurs déclaré dans une interview au journal économique Nikkei publiée vendredi être en discussions avec plusieurs entreprises nippones en vue de produire son vaccin dans l’archipel.

Il s’est dit prêt à fournir 50 millions de doses supplémentaires au Japon l’année prochaine.