(Lahore) Plusieurs milliers de musulmans chiites ont participé mardi à une procession religieuse à Lahore, dans l’est du Pakistan, en faisant fi des mesures de distanciation sociale alors même que le pays peine à contenir l’épidémie de COVID-19.

Le gouvernement pakistanais avait interdit toute commémoration de masse de la mort de l’imam Ali, gendre du prophète Mahomet et figure fondatrice de l’islam chiite.  Mais cette directive n’a pas été respectée, entre 8000 et 10 000 personnes, selon les autorités, se réunissant à Lahore, dont beaucoup ne portaient pas de masque.

En Inde, des rassemblements religieux ces dernières semaines, comme l’immense pèlerinage hindou Kumbh Mela qui a drainé des millions de personnes,  ont été jugés en partie responsables de la catastrophique situation sanitaire du pays où plus de 20 millions de cas et 222 000 morts avaient été recensés mardi.

Le Pakistan, qui a enregistré près de 800 000 cas positifs au coronavirus pour 18 000 décès, est encore bien loin d’un tel bilan, mais regarde avec une angoisse croissante ce qui se passe chez son voisin.

« J’ai participé à cette procession chaque année depuis aussi longtemps que je me souvienne », a déclaré Ali Kazmi, 28 ans, l’un des participants au défilé de Lahore.

« Ils essaient d’empêcher les cérémonies de deuil et les processions chiites avec différentes excuses. Aujourd’hui, c’est (le coronavirus), avant ça c’était la question de la sécurité. Ce ne sont que des excuses », a-t-il estimé.

Le Pakistan, principalement sunnite, compte la deuxième plus grande communauté chiite du monde derrière l’Iran, mais elle ne représente que 10 à 15 % de ses 220 millions d’habitants.

Des rassemblements mineurs ont eu lieu mardi dans d’autres villes pakistanaises.  Vêtus de noir, les fidèles ont entonné des chants religieux en se frappant la poitrine à l’unisson, pendant que certains se flagellaient.

Le gouvernement n’est pas parvenu à convaincre les dirigeants religieux chiites d’y renoncer.

« Nous rejetons toute restriction imposée sur les cérémonies de deuil. Vos élections locales peuvent avoir lieu, vos marchés sont ouverts, vos réunions gouvernementales ont lieu », avait justifié par avance dans un communiqué le Conseil des oulémas chiites pakistanais.

Le non-respect du port du masque et des mesures de distanciation sociale inquiète les autorités, alors que seulement une portion infime de la population pakistanaise est vaccinée et que la réticence à se faire vacciner est forte.  

Elles n’ont pourtant rien fait pour réguler les activités religieuses pendant le mois de ramadan. Les mosquées sont restées ouvertes et peu ont respecté les recommandations gouvernementales en matière de distanciation sociale lors des grands rassemblements de fidèles à la nuit tombée.