(New Delhi) Plus de 20 millions de cas de COVID-19 depuis le début de la pandémie ont été enregistrés en Inde, où la maladie continue de faire des ravages, forçant même le report mardi d’un grand tournoi de cricket, le sport roi des Indiens.

Au cours des dernières 24 heures, l’Inde a recensé 357 229 nouvelles contaminations, portant le total à 20,3 millions, selon le ministère de la Santé. Les décès ont augmenté de 3449 pour atteindre 222 408 au total. De nombreux experts estiment cependant que le nombre réel est beaucoup plus élevé.

Le pays de 1,3 milliard d’habitants, frappé par une deuxième vague d’une grande virulence, a recensé huit millions de nouvelles contaminations depuis la fin mars.  

Le nombre quotidien de nouvelles contaminations a toutefois diminué ces derniers jours, après avoir atteint un pic de 402 000 cas vendredi, pour tomber peu à peu à 392 500 samedi, à 368 000 dimanche et à moins de 360 000 au cours des dernières 24 heures.

« Si l’on analyse les cas et les décès quotidiens, il y a un signal très précoce de mouvement dans la bonne direction », a déclaré lundi à la presse Lav Aggarwal, haut fonctionnaire du ministère de la Santé.

« Mais ce sont des signaux très précoces. Il est nécessaire de les analyser plus en profondeur et de déployer des efforts pour les surveiller de manière continue », a-t-il ajouté.

Les hôpitaux restent toutefois saturés et à court de réserves d’oxygène, de médicaments, de lits, malgré l’aide internationale qui continue d’affluer.

Transportés à l’hôpital sur le dos

Partout dans le pays des initiatives individuelles ou collectives jaillissent pour tenter de porter secours aux malades en détresse. À l’instar de Mohammad Javed Khan, chauffeur de triporteur à Bhopal (centre), qui a converti son véhicule en ambulance de fortune pour les malades les plus pauvres.

Après avoir vu des gens porter sur leur dos des êtres chers, malades de la COVID-19 en direction de l’hôpital, faute d’argent pour financer une ambulance, M. Khan s’est dit qu’il devait faire quelque chose.  

L’homme de 34 ans a transformé son tuk-tuk en petite ambulance dotée d’une bouteille d’oxygène, d’un oxymètre pour mesurer le taux d’oxygène dans le sang et d’autres équipements médicaux.

Les ambulances coûtent de 5000 à 10 000 roupies (de 55 à 110 euros). « Comment une personne pauvre pourrait-elle se le permettre ? Surtout pendant cette pandémie où la plupart des gens n’ont plus de revenus ? », interroge-t-il.

À Bombay, ce sont de jeunes bénévoles qui se sont fixé pour mission de sauver des vies et s’attachent à dénicher de l’oxygène, des médicaments et des places dans les hôpitaux pour des malades de la COVID-19. Mais le traumatisme de la confrontation quotidienne avec la maladie et la mort commence déjà à se faire sentir.  

« Nous travaillons très dur, mais nous ne pouvons pas sauver tout le monde », déclare Swadha Prasad, étudiante à Bombay, qui évoque d’une voix tremblante la fin d’une femme de 80 ans.  

Victime aussi de la COVID-19, la prestigieuse Indian Premier League de cricket, le roi sport en Inde, a dû renoncer à se tenir en mai.

Ce tournoi entre huit équipes qui devait se dérouler aux quatre coins du pays, a été reporté « avec effet immédiat » ont annoncé les organisateurs, en raison de la recrudescence des cas de COVID-19.  

Le cricket apportait « un peu de joie »

« Le BCCI (la fédération de cricket indienne) ne veut pas faire de compromis sur la sécurité des joueurs, du personnel d’encadrement et des autres participants impliqués dans l’organisation de l’IPL. Cette décision a été prise en gardant à l’esprit la sécurité, la santé et le bien-être de toutes les parties prenantes », ont précisé les organisateurs.  

Le tournoi de cricket s’était poursuivi depuis avril dans des stades vides, suscitant des critiques quant à son caractère inapproprié dans les circonstances actuelles.  

Les organisateurs ont expliqué ne pas vouloir compromettre la sécurité du personnel et des joueurs, dont certaines des plus grandes vedettes mondiales du cricket, originaires d’Inde, d’Australie, d’Angleterre et de Nouvelle-Zélande.

« Nous traversons une période difficile, en particulier en Inde, et bien que nous ayons essayé d’apporter un peu de positivité et de joie […] il est impératif que le tournoi soit suspendu », ont-ils finalement conclu.