(Taipei) Taïwan a conseillé lundi à ses entreprises présentes en Birmanie de hisser le drapeau de l’île pour se distinguer des compagnies chinoises, auxquelles s’en sont pris dimanche à Rangoun des manifestants prodémocratie durement réprimés.

Dimanche, plusieurs usines chinoises ont été incendiées à Hlaing Tharyar, en banlieue de Rangoun, par des manifestants contre le coup d’État militaire du 1er février.

22 personnes tuées par l’armée

Les forces de l’ordre ont ouvert le feu, tuant 22 personnes lors de la journée de répression la plus meurtrière depuis le putsch.

PHOTO AGENCE FRANCE-PRESSE

Un Birman touché par une balle lors d’une frappe militaire contre des manifestants prodémocratie est porté vers des soins dans le quartier Hlaing Tharyar de Yangon, en Birmanie, le 14 mars 2021.

Ces incidents ont inquiété Taïwan dont des entreprises, prises pour des sociétés chinoises, ont par le passé été attaquées lors d’épisodes de colère anti-chinois en Asie du Sud-Est.

L’ambassade de facto de Taïwan en Birmanie a conseillé aux entreprises taïwanaises dans le pays de s’identifier clairement en tant que telles « avec des panneaux en birman », de « hisser notre drapeau national et expliquer aux employés locaux et aux habitants alentour qu’il s’agit d’entreprises taïwanaises afin d’éviter les confusions et les erreurs de jugement ».

270 compagnies taïwanaises en Birmanie

Le ministère taïwanais des Affaires étrangères a précisé lundi que 10 citoyens taïwanais avaient été temporairement piégés dans les violences en banlieue de Rangoun, avec des dommages matériels lorsque leur usine avait été attaquée. Ils sont actuellement en sécurité dans l’usine en attendant que la situation se stabilise, selon un communiqué du ministère.

Quelque 270 compagnies taïwanaises sont présentes en Birmanie, avec un investissement total estimé à plus d’un milliard de dollars, dans les secteurs bancaire et textile ainsi que la fabrication de chaussures.

Selon le média chinois Global Times, qui a fait état de deux blessés, 32 usines dans lesquelles la Chine a investi ont été vandalisées dimanche en Birmanie, avec près de 37 millions de dollars de biens détruits.

L’ambassade de Chine en Birmanie a demandé aux autorités de « garantir la sécurité » des entreprises chinoises et leur personnel.

Sentiment anti-Pékin

Personne n’a revendiqué les attaques, mais le ressentiment anti-Pékin s’est intensifié ces dernières semaines dans le pays, certains estimant que le géant asiatique, qui a appelé à la désescalade, a une position encore trop douce vis-à-vis des généraux birmans.

La Chine, pays voisin de la Birmanie, est l’un de ses principaux partenaires commerciaux.  

Taïwan, dirigée par un régime (la « République de Chine ») qui s’y était réfugié après la victoire des communistes en Chine continentale en 1949 à l’issue de la guerre civile, a condamné le coup d’État en Birmanie et « l’usage excessif de la force létale contre des manifestants pacifiques ».