(Colombo) Des milliers de membres de la minorité tamoule au Sri Lanka ont participé à des manifestations contre le gouvernement dans plusieurs régions jeudi, le jour de la fête nationale, malgré l’interdiction qui leur en avait été faite par la justice à la demande de la police.

Les protestataires exigent la libération des prisonniers faits pendant la longue guerre civile qui les a opposés à la majorité cinghalaise bouddhiste et d’avoir des informations sur les milliers de Tamouls portés disparus depuis que ce conflit s’est achevé, il y a onze ans, a expliqué un parlementaire appartenant à leur communauté, M. A. Sumanthiran.

« Ces actions de protestation ont pour but d’attirer l’attention sur les droits des gens de langue tamoule qui ont été bafoués dans ce pays », a ajouté M. Sumanthiran.

Les manifestants, qui se sont rassemblés dans les régions du nord et de l’est de l’île, ont scandé des slogans contre le gouvernement et agité des drapeaux noirs en signe de défiance à son égard.

Ce parlementaire, membre de l’Alliance nationale tamoule, le principal parti d’opposition de cette minorité essentiellement hindoue, a souligné que les protestataires voulaient aussi dénoncer la confiscation par des militaires pendant la guerre civile de 1972-2009 de terres appartenant à des personnes privées.

Les musulmans, qui constituent la deuxième plus importante minorité au Sri Lanka, derrière les Tamouls, se sont joints aux manifestations, pour exiger la fin de la crémation forcée des morts de la COVID-19, imposée par les autorités pour éviter que leurs cadavres ne contaminent l’eau.

Le président srilankais Gotabaya Rajapaksa, qui a joué un rôle clé dans l’écrasement de la rébellion tamoule, a quant à lui assisté dans la capitale Colombo à un défilé militaire organisé pour la fête nationale.

« Je gouverne ce pays dans le respect des enseignements bouddhistes », a-t-il déclaré dans le discours qu’il a prononcé à cette occasion.

« Toute personne dans ce pays, indépendamment de cela ou de son appartenance ethnique ou religieuse, a le droit de jouir en toute égalité de la liberté dans le cadre légal de la nation », a-t-il poursuivi.

Après avoir été triomphalement élu en novembre 2019, M. Rajapaksa a mis fin au droit, accordé trois ans plus tôt, de chanter l’hymne national en tamoul, portant, selon ses détracteurs, un coup aux efforts de réconciliation interethnique.

Plus de 100 000 personnes ont péri pendant la guerre civile.