(Hanoï) Un tribunal vietnamien a condamné mercredi deux activistes à dix et six ans de prison pour avoir écrit sur Facebook à propos d’un conflit foncier entre paysans et autorités qui avait fait l’an dernier quatre morts en banlieue de Hanoï.

Le gouvernement vietnamien fait montre d’une tolérance zéro envers les critiques sur les réseaux sociaux.

Les peines prononcées par un tribunal de Hanoï sont de dix ans de prison pour Trinh Ba Phuong et six ans pour Nguyen Thi Tam, pour avoir « fabriqué, enregistré, distribué ou propagé des informations et des documents visant à s’opposer à la République socialiste du Vietnam ».

Selon l’agence de presse étatique du Vietnam, VNA,, leurs messages « déformaient et inventaient de toutes pièces la situation existante dans la commune de Dong Tam, diffamaient le gouvernement du peuple, incitaient la population à s’opposer aux autorités ».

Le conflit a éclaté il y a plusieurs années à Dong Tam, les habitants protestant contre la saisie qu’ils considèrent illégale de leurs terres en vue de la construction d’un aéroport militaire. En 2017, ils avaient retenu plusieurs policiers en otages et des coups de feu avaient été tirés.

En janvier 2020, trois policiers et un habitant avaient été tués durant des heurts à Dong Tam, quand le gouvernement avait voulu ériger une clôture.

La mère et un jeune frère de Trinh Ba Phuong avaient été condamnés en mai à huit ans de prison, également pour des messages postés sur les réseaux sociaux à propos de ces incidents. Une cour d’appel doit examiner leur cas ce mois-ci.

En septembre 2020, un tribunal de Hanoï avait condamné deux villageois à la peine capitale pour la mort de trois policiers durant les affrontements. Des peines allant de 15 mois avec sursis à la prison à vie ont été prononcées à l’encontre de 27 autres personnes.

Le jugement prononcé mercredi intervient au lendemain de la condamnation à neuf ans de prison de Pham Doan Trang, une célèbre journaliste dissidente vietnamienne pour activités notamment de « propagande » contre l’État. Les États-Unis et le Royaume-Uni ont réclamé sa libération.

Avant le procès de cette journaliste, Human Rights Watch avait affirmé qu’au moins 146 personnes étaient derrière les barreaux pour avoir exercé leurs droits fondamentaux dans le pays. Deux autres militants seront jugés cette semaine.