(Sydney) L’envoyé spécial du président Joe Biden pour la région indopacifique a accusé mercredi la Chine de « mettre l’Australie à genoux » avec un barrage de sanctions qui s’apparente, selon lui, à une « guerre économique ».  

Kurt Campbell, coordinateur Inde-Pacifique de la Maison-Blanche qui s’exprimait à l’Institut Lowy à Sydney, a fustigé des tactiques musclées de la part de Pékin dans la région.  

Dépeignant la Chine comme un pays de plus en plus belliqueux et déterminé à imposer sa volonté à l’étranger, M. Campbell a déclaré que Pékin s’était engagé dans une « guerre économique vraiment spectaculaire-dirigée contre l’Australie ».

Pékin a rejeté mercredi les critiques américaines, jugeant que « certains politiciens australiens montent en épingle la théorie d’une menace chinoise » et « lancent des attaques injustifiées contre la Chine ».

« Nous espérons que ce responsable américain puisse faire la part des choses entre ce qui est juste et ce qui ne l’est pas », a déclaré lors d’un point presse régulier Wang Wenbin, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.  

Au cours des deux dernières années, la Chine a introduit une série de sanctions punitives sur des produits australiens dans le cadre d’un conflit politique qui a plongé les relations bilatérales dans sa plus grave crise depuis Tiananmen (1989).

« La préférence de la Chine aurait été de briser l’Australie. De mettre l’Australie à genoux », a jugé M. Campbell.

L’Australie a affiché sa volonté de légiférer contre ce qu’elle présente comme des opérations d’influence chinoises sur son sol ou encore de faire barrage au géant chinois privé des télécoms Huawei pour les contrats 5G.

Canberra s’était également associé l’an passé à Washington pour demander une enquête sur les origines du coronavirus. Une initiative perçue par Pékin comme politiquement motivée.

L’orge, le charbon, les minerais de cuivre, le coton, le foin, le bois de grume, les langoustes, le sucre, le vin, le bœuf, les agrumes, les céréales, les raisins de table, les produits laitiers et les préparations pour nourrissons australiens ont tous fait l’objet de sanctions chinoises.

Selon Kurt Campbell, la Chine sous Xi Jinping est « plus affirmée » et « plus déterminée à prendre des mesures considérées comme coercitives par d’autres pays ».  

L’administration Biden a adopté une politique de « concurrence stratégique » avec la Chine, reconnaissant la rivalité entre les deux puissances tout en maintenant des liens diplomatiques afin d’éviter un risque de conflit incontrôlable.

« Irresponsable »

Récemment, Joe Biden a accepté de partager avec Canberra des renseignements sur une technologie sensible pour les sous-marins à propulsion nucléaire, permettant à l’Australie d’accroître considérablement ses forces de dissuasion militaire.  

Cette décision a soulevé des inquiétudes quant au risque de prolifération nucléaire, l’Australie, pays non doté de l’arme atomique, pouvant se voir transférer de l’uranium hautement enrichi – qui peut servir à fabriquer une bombe.

« Il s’agit d’une claire violation des buts et des objectifs du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) », a fustigé mercredi le porte-parole Wang Wenbin, qui a dénoncé une attitude « irresponsable » créant un précédent.

L’accord sur les sous-marins intervient dans le cadre de l’alliance militaire tripartite AUKUS - dont l’objectif est de contrer l’influence chinoise dans l’Indo-Pacifique - formée par l’Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni et liera ces pays, selon M. Campbell, pour des générations.  

Il a également révélé que d’autres alliés du Pacifique pourraient participer à l’accord AUKUS.