(Washington) Les États-Unis ont « absolument les capacités » de défendre Taïwan face à la Chine si nécessaire, a déclaré mercredi le chef d’état-major américain, Mark Milley.

Questionné au cours d’une conférence du centre de réflexion Aspen Security Forum sur le risque à court terme d’une attaque de Taïwan par la Chine, le plus haut gradé américain a estimé que ce n’était « pas probable » dans les 24 prochains mois.

« Cela dit, les Chinois sont clairement et sans ambiguïté en train de se doter des capacités nécessaires pour donner des options à la direction du pays si elle le souhaite à l’avenir », a-t-il ajouté.

Alors qu’on lui demandait si les États-Unis étaient capables de défendre l’île située à moins de 200 km des côtes chinoises, il a assuré : « Nous avons absolument les capacités, il n’y a aucun doute ». Mais il a ajouté que les États-Unis souhaitaient avant tout « une solution pacifique » à tout différend entre Taïwan et la Chine.

Le chef d’état-major américain s’est bien gardé de se prononcer sur l’utilité ou non de revenir sur la politique de longue date des États-Unis dite « d’ambiguïté stratégique », en vertu de laquelle Washington aide Taïwan à construire et renforcer sa défense, mais sans promettre explicitement de venir à son aide en cas d’attaque.

« En ce moment c’est notre politique, et ça va continuer pour l’instant », a-t-il dit.

Les passes d’armes se sont multipliées ces dernières semaines entre les États-Unis et la Chine sur le sort de cette île de 23 millions d’habitants, qui dispose de son propre gouvernement, monnaie, armée, mais que Pékin considère comme une de ses provinces en attente de réunification avec le reste du pays, par la force si nécessaire.

Interrogé sur la possibilité d’une intervention militaire américaine pour défendre Taïwan en cas d’attaque de la Chine, le président Joe Biden a répondu le mois dernier par l’affirmative : « Oui, nous avons un engagement en ce sens », avait-il déclaré.

Ces propos paraissaient contredire l’« ambiguïté stratégique » des États-Unis, et la Maison-Blanche avait par la suite assuré que sa politique à l’égard de Taïwan n’avait pas changé : les États-Unis reconnaissent depuis 1979 la Chine communiste, au détriment de Taïwan, mais le Congrès américain impose parallèlement de fournir des armes à l’île pour sa défense.

Le général Milley a jugé que la montée en puissance de la Chine représentait un facteur déstabilisateur pour la planète.

« Nous entrons dans un monde tripolaire, avec les États-Unis, la Russie et la Chine comme grandes puissances », a-t-il dit.  

Avec trois acteurs au lieu de deux, « on a davantage de complexité », a-t-il ajouté. Et avec l’arrivée des technologies comme l’intelligence artificielle, les missiles hypersoniques et la militarisation de l’espace, « nous entrons dans un monde qui à mon avis est potentiellement beaucoup plus instable d’un point de vue stratégique » que pendant les 60 dernières années.