(La Haye) L’Azerbaïdjan a accusé l’Arménie de continuer à poser des mines dans le cadre de sa campagne de « nettoyage ethnique », malgré la fin de la guerre, au cours d’une audience qui s’est tenue lundi devant la Cour internationale de justice (CIJ).  

Les deux pays ont déposé presque simultanément des recours auprès de la plus haute juridiction de l’ONU, qui siège à La Haye, s’accusant mutuellement de discrimination raciale.

Les deux ex-républiques soviétiques se disputaient à l’automne 2020 le contrôle de la région du Nagorny-Karabakh, dans un conflit qui a fait plus de 6500 morts.  

« La campagne arménienne de nettoyage ethnique et d’incitation à la violence contre les Azerbaïdjanais se poursuit » a déclaré à la CIJ le vice-ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères Elnur Mammadov.

« Des mesures provisoires sont nécessaires de toute urgence pour éviter d’autres dommages irréparables », a-t-il ajouté.  

Il a affirmé qu’après la « libération » de parties de la région l’année dernière, des civils azerbaïdjanais qui tentaient de rentrer chez eux ont découvert que la zone avait été « tapissée » de mines terrestres par l’Arménie.

L’Arménie « refuse toujours à ce jour de partager des cartes complètes et précises des mines qui sont nécessaires pour faire avancer les opérations de déminage, et continue même de poser de nouvelles mines sur le territoire de l’Azerbaïdjan ».

Au moins 106 Azerbaïdjanais, dont 65 civils, ont été tués ou blessés par des mines depuis la fin du conflit l’an passé, a-t-il déclaré.

« Il s’agit tout simplement d’une continuation de la campagne de nettoyage ethnique menée depuis des décennies par l’Arménie, une tentative de garder ce territoire nettoyé des Azerbaïdjanais », a-t-il ajouté.

Le Nagorny-Karabakh est une région ethnique arménienne d’Azerbaïdjan qui s’est détachée du contrôle de Bakou au début des années 1990, après l’effondrement de l’Union soviétique.

Le conflit de l’automne 2020 s’est soldé par la défaite de l’Arménie en novembre, contrainte de céder plusieurs régions formant un glacis autour de l’enclave séparatiste, mais les tensions restent fortes.

La semaine dernière, l’Arménie a accusé devant la CIJ l’Azerbaïdjan d’être responsable d’« un cycle de violence et de haine […] contre les Arméniens de souche ».  

Erevan et Bakou s’accusent mutuellement de violer un traité international, la CIEDR (Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale).

La CIJ tranche les différends entre les États, et peut ordonner des mesures d’urgence en attendant la résolution complète des affaires qui peut prendre de nombreuses années.