(Genève) L’ONU s’est inquiétée vendredi du déploiement « massif » de troupes et d’armes lourdes dans plusieurs États de Birmanie, faisant naître des craintes pour la population civile, également privée d’accès à l’internet.

Le Haut-commissariat aux droits de l’homme a souligné l’envoi de hauts gradés dans ces régions. « Cela représente une escalade dans la situation », a mis en garde Ravina Shamdasani, une porte-parole du Haut-commissariat lors d’un briefing de presse régulier de l’ONU à Genève.

Ces déploiements de troupes ont eu lieu « ces dernières semaines » dans les cantons de Kanpetlet et Hakha dans l’État Chin, les cantons de Kani et Monywa dans la région de Sagaing et le canton de Gangaw dans l’État Magwe.

« Nous sommes particulièrement inquiets de ces développements, particulièrement au regard de l’intensification des attaques des militaires que nous avons pu relever dans ces régions, y compris des assassinats, des raids sur des villages et l’incendie de maisons » semble-t-il pour éradiquer la résistance armée ou punir les villages soupçonnés de la soutenir, a souligné Mme Shamdasani.  

Elle a indiqué que l’armée a fait appel à des bombardements aériens et des barrages d’artillerie.

Elle a aussi fait état d’informations sur « des arrestations massives, ainsi que de l’usage de la torture ou des exécutions sommaires ».

Les coupures de l’internet — que la junte au pouvoir impute au sabotage des antennes relais par les opposants — empêchent « des millions de gens de communiquer et d’avoir accès à des informations vitales ».

Le pays d’Asie du Sud-Est est en proie au chaos depuis que l’armée a renversé le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi en février, déclenchant des manifestations monstres en faveur de la démocratie qui ont été réprimées dans le sang.  

Des opposants à la junte ont formé des « forces de défense populaires » dans leurs communes pour résister et ont détruit ces dernières semaines plusieurs antennes-relais appartenant à la société militaire Mytel dans l’État Chin (Ouest).  

Le Haut-commissariat a également demandé à la communauté internationale « de parler d’une seule voix, pour empêcher que de nouvelles violations sérieuses des droits de la personne ne soient commises contre le peuple birman ».

Les États influents — comme le voisin chinois qui n’est pas nommément cité — doivent inciter l’armée « à faire baisser les tensions, protéger la vie des civils et les biens et de garantir l’accès à l’aide humanitaire, là où elle est nécessaire ».