(New Delhi) La vaccination contre la COVID-19 sera ouverte le 1er mai à tous les adultes en Inde, dont les habitants de la capitale New Delhi sont dès lundi soir confinés une semaine, face à une deuxième vague massive de l’épidémie.

Avec 273 810 cas supplémentaires sur 24 heures, l’Inde a enregistré ce même jour un nouveau record. C’est la cinquième journée d’affilée que ce pays de 1,3 milliard d’habitants dépasse les 200 000 nouvelles contaminations - contre 9000 début février -, pour un total de plus de 15 millions depuis le début de la pandémie.  

Les autorités, qui avaient d’urgence autorisé la semaine dernière le recours au vaccin russe Spoutnik V, après avoir donné leur feu vert au Covishield d’Oxford-AstraZeneca et au Covaxin de la compagnie locale Bharat Biotech, ont aussi annoncé que le processus d’approbation des vaccins fabriqués en dehors du territoire indien serait accéléré.  

Leur ambition de vacciner l’ensemble de la population se heurte notamment à l’insuffisance des stocks et, jusqu’à samedi, seules 117 millions de doses avaient été administrées.

Pour répondre à des besoins immenses, l’Inde, où se trouve le plus grand fabricant mondial de vaccins, le Serum Institute (SII), a donné un coup de frein dans les autorisations d’exportations.

« Au cours d’une réunion présidée par le premier ministre Narendra Modi, la décision importante a été prise de permettre à toutes les personnes de plus de 18 ans d’être vaccinées à partir du 1er mai », a annoncé lundi le ministère de la Santé.

Les hôpitaux de Delhi débordés

À New Delhi, la ville indienne la plus touchée, où les hôpitaux débordés manquent de lits, plus de 25 000 cas ont été recensés sur 24 heures. Près du tiers des personnes testées y étaient positives.

Ses 20 millions d’habitants sont confinés à partir de lundi 22 h pour éviter « une catastrophe encore plus grande ».  

« Le système de santé de Delhi est au point de rupture », a déclaré à la télévision le chef du gouvernement de la capitale Arvind Kejriwal.

« Si nous n’imposons pas maintenant un confinement, nous allons au devant d’une catastrophe encore plus grande », a-t-il dit en annonçant cette mesure qui restera en place « jusqu’à lundi prochain ».

Les commerces doivent dorénavant rester fermés et seules les personnes accomplissant une fonction jugée essentielle peuvent se déplacer.  

« Le confinement ne mettra pas un terme à la pandémie mais il la ralentira », a-t-il expliqué, soulignant que le système de santé était « proche de ses limites ».

Peu après cette annonce, des files d’attente se sont formées près des magasins vendant de l’alcool, rappelant des scènes déjà vues avant le confinement national ordonné en 2020.

« C’est vraiment dur pour des gens comme nous », a témoigné un marchand de fleurs, Surinder Singh.

« On a très peur, tout le monde a peur », confiait Sunil Kumar, 25 ans.  

Lundi soir, des milliers de travailleurs ont afflué à une gare routière de l’est de Delhi pour prendre un autocar les ramenant vers leurs États d’origine, dans l’Uttar Pradesh (nord) et le Bihar (nord-est), selon un journaliste de l’AFP.

L’an dernier, les restrictions draconiennes mises en place avaient fait perdre leur emploi à des millions de personnes aux maigres revenus. Beaucoup avaient alors décidé de regagner - parfois à pied - leur État d’origine.  

Pénurie d’oxygène

Un confinement similaire a déjà été décrété ailleurs en Inde, notamment dans les États de Maharashtra (ouest), où se trouve la capitale financière Bombay, et du Tamil Nadu (sud-est).

Pour sa part, le gouvernement national a affirmé qu’il allait s’efforcer de répondre à un début de pénurie d’oxygène et de médicaments dans certains hôpitaux.

Sur les réseaux sociaux, des familles demandent des lits, de l’oxygène, des médicaments.

Des médias ont aussi fait état de longues files d’attente dans les crématoriums, en particulier dans l’État du Gujarat (ouest), d’où est originaire Narendra Modi.

Ces sept derniers jours, l’Inde a recensé plus de 1,4 million de nouveaux cas de coronavirus, soit une hausse de 64 % par rapport à la semaine précédente, selon des données compilées par l’AFP.

« Les gens ont baissé trop vite la garde en revenant aux comportements d’avant la pandémie », a déploré le virologue Jacob John auprès de l’AFP.

Mais l’explication est aussi peut-être à chercher dans la circulation d’un nouveau variant.

« La deuxième vague se propage bien plus vite que la première », a noté Jacob John.

Des fêtes religieuses, comme l’immense festival hindou Kumbh Mela, auquel des millions de personnes ont participé, et des meetings électoraux dans plusieurs États ont également favorisé les contaminations.

Face à l’aggravation de la situation en Inde, les voyageurs en provenance de ce pays sont désormais interdits d’entrée au Royaume-Uni, qui n’autorise l’accès à son territoire qu’aux résidents britanniques, à charge pour eux d’observer une quarantaine à l’hôtel à leurs frais.