(Colombo) Les chrétiens du Sri Lanka ont rendu hommage dimanche aux 279 personnes tuées dans les attentats de Pâques 2019, tandis que le chef de l’Église catholique de l’île a mis en garde contre de possibles manifestations populaires si les responsables n’étaient pas poursuivis.

Plus de 12 500 policiers armés appuyés par l’armée ont été déployés, par crainte de nouvelles attaques, aux abords de près de 2000 églises sri-lankaises où la minorité chrétienne a assisté aux messes pascales.

La police a contrôlé les cartes d’identité et les sacs avant de permettre aux gens d’assister à l’office du matin à l’église Saint-Sébastien au nord de la capitale Colombo, où 115 personnes, dont 37 enfants, avaient été tuées.

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Le cardinal Malcolm Ranjith a allumé des bougies à l’église Saint-Antoine où 56 personnes avaient péri et les fidèles ont observé deux minutes de silence à 8 h 45, heure locale à laquelle le premier des sept poseurs de bombe avait agi.

Les attentats-suicides avaient frappé trois églises et trois hôtels de luxe sri-lankais le dimanche de Pâques d’avril 2019. Au total, 279 personnes avaient été tuées et quelque 500 autres blessées dans ces attaques coordonnées attribuées à une organisation djihadiste locale.  

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Un prêtre célèbre la messe à côté d'une statue de Jésus éclaboussée de sang lors de l'attaque commise à l’église Saint-Sébastien.

Le cardinal Ranjith a renouvelé son appel à une action rapide contre les responsables des attaques et déclaré que le président de l’époque, Maithripala Sirisena, devrait être poursuivi pour négligence criminelle pour n’avoir pas su les empêcher.

Une enquête ordonnée par Maithripala Sirisena peu après le drame a révélé que lui et des responsables du renseignement avaient reçu des informations précises de l’Inde sur l’attaque 17 jours plus tôt, mais n’ont pas agi.

« La culpabilité du président Sirisena a été identifiée dans le rapport de la commission », a déclaré le cardinal Ranjith aux journalistes à l’extérieur de l’église Saint-Antoine.

« Je demande au président Gotabaya Rajapaksa [actuel président de la République] et à son gouvernement pourquoi ils traînent les pieds sans le poursuivre en justice ». « Nous descendrons dans la rue si aucune mesure n’est prise d’ici le 21 avril », a ajouté le haut prélat.

Plus de 200 personnes ont été arrêtées en relation avec les attentats, mais personne n’a encore été inculpé.

Des affiches appelant à la justice ont été placées à l’extérieur de l’église Saint-Sébastien, bondée de fidèles dimanche malgré les règles strictes de distanciation sociale en vigueur en raison de la pandémie de COVID-19.