(Washington) Pyongyang a testé deux missiles de courte portée après la visite dans la région de deux hauts responsables américains, ce qui était une première depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche, ont annoncé Washington et Séoul.

La Corée du Nord n’a cessé de temporiser depuis l’alternance présidentielle américaine puisqu’elle a attendu la semaine dernière pour mentionner officiellement qu’une nouvelle administration était aux manettes à Washington.

De son côté, le nouveau président américain est en train de développer sa stratégie à l’égard de la Corée du Nord, après la tentative de diplomatie directe de son prédécesseur Donald Trump avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, qui n’a permis aucune avancée sur la dénucléarisation du pays reclus.

Mardi soir, des responsables américains ont fait état de deux tirs de missiles de courte portée, non ballistiques, intervenus dimanche, tout en minimisant leur importance, en expliquant qu’ils étaient classés « dans la catégorie des activités militaires normales du Nord ».

Ces tirs « ne sont pas sanctionnés par les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU contre le programme de missiles balistiques » de Pyongyang, a précisé un responsable américain sous couvert de l’anonymat.

« La Corée du Nord a un menu bien connu de provocations lorsqu’elle veut adresser un message aux gouvernements américains – missiles balistiques de diverses portées, plateformes de lancement mobiles et sous-marines, essais nucléaires et thermonucléaires », a-t-il détaillé.

« Les experts ont constaté à raison que ce qui est arrivé ce week-end se trouvait tout en bas de ce spectre. »

Réaction toute en retenue

L’état-major interarmes sud-coréen a observé qu’il s’agissait vraisemblablement de missiles de croisière tirés au-dessus de la mer Jaune, soit en direction de la Chine et non du Japon, allié de Washington.

Ces tirs font suite à des exercices militaires conjoints entre Washington et Séoul en début du mois et ont suivi de quelques jours la visite à Tokyo et Séoul du secrétaire d’État américain Antony Blinken et du patron du Pentagone Lloyd Austin.

Mais s’ils sont une réponse à cette tournée diplomatique, ces lancements apparaissent comme une réaction toute en retenue. Ils n’ont pas encore été mentionnés par les médias officiels du Nord.

Interrogé au sujet des tirs par les journalistes, M. Biden a répondu : « À en croire le département de la Défense, c’est business as usual. »

L’administration Biden a ainsi expliqué avoir immédiatement constaté les tirs de dimanche, mais n’avoir pas voulu « donner trop de publicité » à ce qu’elle ne considère pas être une provocation majeure.

« Il ne faut pas interpréter chaque essai nord-coréen de missile comme une provocation, car le Sud en effectue aussi lors d’exercices militaires réguliers », a estimé de son côté auprès de l’AFP Cheong Seong-chang, du Sejong Institute de Séoul.

Depuis février, la nouvelle administration américaine a tenté en vain d’entrer en contact avec la direction nord-coréenne.

Ouverts au dialogue

La semaine dernière, la Corée du Nord a averti qu’elle ne changerait pas de position vis-à-vis des États-Unis tant qu’ils ne renonceraient pas à leur « politique hostile » envers elle.

Kim Yo Jong, l’influente sœur de Kim Jong-un, a aussi adressé un avertissement « à la nouvelle administration américaine qui tente », selon elle, « de répandre une odeur de poudre » sur la Corée du Nord.

« Si vous voulez dormir tranquille pendant les quatre ans à venir, vous feriez bien de ne rien entreprendre qui vous fasse perdre le sommeil », a-t-elle lancé.

Malgré ces escarmouches verbales et maintenant militaires, les États-Unis assurent qu’ils sont toujours ouverts au dialogue avec les dirigeants nord-coréens.

Mais ils préviennent aussi qu’ils n’entendent pas renoncer aux manœuvres militaires conjointes avec les Sud-Coréens, comme l’avait fait Donald Trump.  

La semaine prochaine, le conseiller de Joe Biden pour la sécurité nationale, Jake Sullivan, accueillera à la Maison-Blanche ses homologues sud-coréen et japonais. Et le premier ministre japonais Yoshihide Suga sera, en avril, le premier dirigeant étranger à être reçu en personne aux États-Unis par le nouveau président.

La nouvelle stratégie de Washington pourrait être dévoilée rapidement après.

MM. Trump et Kim avaient eu trois rencontres historiques en 2018 et 2019. Leur ultime sommet en février 2019 à Hanoi s’était soldé par un retentissant fiasco, sans qu’aucun progrès ne soit fait sur l’épineuse question des programmes militaires interdits de Pyongyang.

Le régime reclus est aujourd’hui encore plus isolé depuis qu’il a fermé ses frontières en raison de la pandémie.