(Genève) Les violations des droits humains et la faim ont empiré en Corée du Nord à cause des mesures radicales de lutte contre la pandémie, a estimé mercredi un expert de l’ONU, pointant des informations évoquant une famine.

L’État totalitaire coupé du monde, qui n’a toujours pas confirmé un seul cas de COVID-19 sur son territoire, a fermé ses frontières, bouclé des villes entières et pris une série d’autres mesures contre l’épidémie.

Dans un nouveau rapport, Tomas Ojea Quintana, rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits humains en Corée du Nord, prévient que « les mesures radicales de confinement » semblent exacerber « les habituelles violations de droits humains ».

Zone interdite de 1 km

Le nombre de personnes réussissant à fuir le pays s’est effondré l’an dernier, avec 229 évadés arrivant en Corée du Sud, contre 1047 en 2019, selon le rapport.

Il fait état d’informations non confirmées selon lesquelles la Corée du Nord a mis en place une zone tampon d’un kilomètre le long de ses frontières, où les forces de sécurité peuvent « tirer à vue » sur quiconque tentant de passer.

Plusieurs personnes ont été exécutées pour avoir violé les mesures anti-pandémie, notamment pour commerce illicite avec la Chine, indique M. Quintana, expert indépendant qui ne s’exprime pas au nom de l’ONU.

Son rapport insiste sur l’effondrement de l’activité commerciale et la « grave détresse économique » provoqués par les restrictions, dans un pays déjà sujet à l’insécurité alimentaire.

Famine

Des centaines de milliers de personnes sont mortes de faim en Corée du Nord du milieu à la fin des années 1990, une période appelée la « Marche ardue » dans le pays.

Avant la pandémie, plus de 45 % de la population était considérée comme sous-alimentée, rappelle le rapport.

L’impact des restrictions anti-coronavirus sur les échanges avec la Chine, qui ont chuté de 80 % en 2020, la limitation des activités commerciales, les sanctions internationales et les dégâts causés à l’agriculture par des cyclones et des inondations l’an dernier risquent de provoquer « une grave crise alimentaire », souligne le document.

« Des morts de faim ont été signalés, ainsi qu’une augmentation du nombre d’enfants et de personnes âgées devant se résoudre à la mendicité parce que leurs familles ne peuvent plus les prendre en charge », indique la même source.

Parallèlement, les opérations humanitaires ont quasiment toutes été interrompues.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, la Corée du Nord avait mené 13 259 tests anti-COVID-19 fin 2020, tous négatifs.