(Pékin) La Chine a annoncé vendredi qu’elle ne reconnaîtrait plus les passeports spéciaux accordés par le Royaume-Uni à certains ressortissants hongkongais, après la décision de Londres d’étendre les droits de résidence de ces derniers sur le sol britannique.

« À compter du 31 janvier, la Chine ne reconnaîtra plus les soi-disant passeports britanniques d’outre-mer en tant que document de voyage ou d’identité », a annoncé devant la presse le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian.

Londres venait d’annoncer l’entrée en vigueur dimanche d’un allongement du séjour associé à ce passeport, en réaction à l’imposition l’an dernier par la Chine d’une loi de sécurité nationale qui a restreint les libertés dans l’ex-colonie britannique.

Les Hongkongais détenteurs d’un passeport britannique d’outre-mer (« BNO »), document hérité de la rétrocession à la Chine en 1997, vont pouvoir désormais vivre et travailler au Royaume-Uni pendant cinq ans, et à terme demander la nationalité britannique.

Ils n’avaient jusqu’ici le droit de visiter le Royaume-Uni que pour six mois, sans pouvoir y travailler.

En réaction, Pékin a fait part de son « indignation ». La Chine « se réserve le droit de prendre des mesures complémentaires », a ajouté Zhao Lijian. « Le Royaume-Uni est en train de transformer un grand nombre de résidents de Hong Kong en citoyens britanniques de seconde zone », a accusé le porte-parole.

« Déçus, mais pas surpris »

« Nous sommes déçus, mais pas surpris par la décision de la Chine de ne pas reconnaître le passeport britannique d’outre-mer », a réagi vendredi un porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères dans un communiqué. « Malgré l’annonce de la Chine, les détenteurs d’un BNO et leurs familles pourront utiliser d’autres documents que ces passeports pour obtenir leur visa ».  

Les conséquences pratiques de l’annonce de Pékin ne sont pas claires.

Cela pourrait signifier que les Hongkongais titulaires d’un passeport BNO ne pourront plus entrer en Chine continentale. Mais les autorités chinoises ne savent pas nécessairement qui est porteur d’un tel passeport et, quand ils se rendent en Chine continentale, les Hongkongais ne peuvent utiliser que leur passeport de Hong Kong.

Ils n’ont de raison d’utiliser leur passeport BNO que pour pénétrer sur le sol britannique ou d’un autre pays reconnaissant ce document de voyage.  

Le premier ministre britannique Boris Johnson a estimé que ces nouveaux droits permettaient « d’honorer nos profonds liens historiques et amicaux avec le peuple de Hong Kong » et de défendre la liberté.

Selon Londres, on dénombre environ 350 000 titulaires du passeport BNO, un chiffre qui a presque doublé depuis le début de la contestation à Hong Kong il y a un an et demi. Mais 2,9 millions d’autres Hongkongais, en fait tous ceux nés avant 1997, peuvent obtenir ce document.

Selon le ministère britannique de l’Intérieur, 7000 détenteurs d’un passeport BNO ont déjà rejoint le Royaume-Uni entre juillet et mi-janvier, grâce à une procédure exceptionnelle. Londres estime que le nouveau système pourrait attirer jusqu’à 322 400 de leurs compatriotes sous cinq ans.