(Pékin) L’incursion récente d’avions militaires chinois dans le détroit de Taïwan constitue un « avertissement solennel » aux États-Unis et aux « indépendantistes » taïwanais, a averti mercredi Pékin, l’île restant un dossier ultra-sensible entre la Chine et l’administration Biden.

Une dizaine de chasseurs et bombardiers chinois, un nombre inhabituellement élevé, ont pénétré samedi puis dimanche dans la zone d’identification de défense aérienne (Adiz) de Taïwan – à environ 200-250 km des côtes taïwanaises.

Les États-Unis ont assuré que leur soutien à Taipei restait « solide comme un roc » et pressé Pékin « de cesser ses pressions militaires, diplomatiques et économiques » sur l’île.

« Ces exercices militaires dans le détroit de Taiwan visent à défendre avec fermeté notre souveraineté », a réagi mercredi Zhu Fenglian, la porte-parole du Bureau des affaires taïwanaises – un organisme du gouvernement chinois.

« C’est un avertissement solennel aux puissances extérieures afin qu’elles cessent leurs ingérences et aux forces indépendantistes taïwanaises afin qu’elles cessent leurs provocations. »

Taïwan compte 23 millions d’habitants. L’île est dirigée depuis 1945 par un régime (la « République de Chine ») qui s’y était réfugié après la victoire des communistes en Chine continentale en 1949 à l’issue de la guerre civile chinoise.

La « République populaire de Chine », basée à Pékin, considère ce territoire comme une de ses provinces. Elle menace de recourir à la force en cas de proclamation formelle d’indépendance sur l’île.

Washington avait décidé en 1979 de lâcher Taipei et de reconnaître le régime communiste comme le seul représentant de la Chine.  

Mais les États-Unis entretiennent depuis une relation ambiguë avec Taïwan. Ils restent son allié le plus puissant et continuent de lui fournir des armes. Rompant avec le statu quo, l’administration Trump a multiplié les contacts officiels avec l’île durant son mandat.

Une tendance qui pourrait se poursuivre sous Joe Biden : la représentante taïwanaise aux États-Unis a été invitée à l’investiture du nouveau président américain – une première depuis 1979.

« Nous ne promettons pas d’abandonner le recours à la force et nous nous réservons la possibilité de prendre toutes les mesures nécessaires » contre Taïwan, a averti la porte-parole de Pékin.

Les relations Pékin-Taipei sont tendues depuis l’arrivée au pouvoir en 2016 de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen, réélue en 2020, dont le parti milite traditionnellement pour l’indépendance formelle de l’île.

Malgré les tensions, les économies de Chine continentale et de Taïwan restent très liées et leurs citoyens peuvent circuler librement dans les deux territoires moyennant l’obtention d’un laissez-passer.