(Wuhan) Les experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sont arrivés jeudi à Wuhan pour enquêter sur les origines du coronavirus en Chine, où a été annoncé un premier décès de la COVID-19 depuis huit mois.

La visite est ultra-sensible pour le pouvoir chinois qui cherche à écarter toute responsabilité dans l’épidémie ayant fait près de deux millions de morts dans le monde depuis son démarrage il y a un an dans la métropole de Wuhan (centre).

L’équipe de l’OMS est chargée de remonter aux origines de la COVID-19. Elle comprend des scientifiques de différentes nationalités qui sont arrivés de Singapour par un vol régulier.  

Crise sanitaire oblige, 13 membres de l’équipe, selon l’OMS, ont été accueillis sur le sol chinois par du personnel en combinaison intégrale. Ils ont dû se soumettre à un test de dépistage contre la COVID-19 et devront passer deux semaines en quarantaine avant de pouvoir aller sur le terrain pour leurs recherches.

Mais l’équipe n’est pas encore au complet.  

Deux membres se trouvent encore à Singapour, a indiqué l’OMS. Ils ont été testés positifs avant d’embarquer pour la Chine et doivent subir une nouvelle série d’examens.

La mission, qui comprend notamment dix scientifiques, devrait durer au total entre cinq et six semaines.

’Réduire les risques’

Elle permettra d’explorer « toutes les pistes », mais ne cherchera pas à désigner un coupable, a indiqué à l’AFP l’un de ses membres, Fabian Leendertz, de l’Institut Robert Koch en Allemagne.

« Il s’agit de comprendre ce qui s’est passé pour réduire les risques à l’avenir », a insisté M. Leendertz.

Mais « il ne faut pas s’attendre à ce que […] l’équipe revienne avec des résultats concluants » dès cette première visite, a-t-il mis en garde.

Initialement prévue la semaine dernière, la mission avait été annulée à la dernière minute faute de toutes les autorisations nécessaires pour l’équipe.  

Et lors d’une rare critique de la Chine, le patron de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus avait regretté que ses enquêteurs n’aient pas pu se rendre dans le pays.

La Chine a largement éradiqué l’épidémie depuis le printemps, grâce à de stricts contrôles des déplacements, au port du masque généralisé, aux mesures de confinement et aux applications de traçage pour téléphone portable.

Mais le pays enregistre ces derniers jours des bilans en hausse, même s’ils restent très loin des décomptes annoncés à l’étranger.

Jeudi, il a rapporté 138 nouvelles contaminations, le pire bilan quotidien depuis le mois de mars.

La majorité des nouveaux cas rapportés l’ont été dans le Hebei, la province qui entoure Pékin (81 contaminations). Et c’est précisément dans cette province qu’un décès dû au nouveau coronavirus a été annoncé jeudi par les autorités sanitaires.

Elles n’ont donné aucune autre précision.

«État d’urgence»

Le dernier décès en Chine lié à la COVID-19 remontait officiellement à mai dernier. À en croire le bilan des autorités, 4635 personnes dans le pays ont désormais succombé à la maladie.

La nouvelle a rapidement fait réagir sur les réseaux sociaux et le sujet dépassait les 270 millions de vues sur Weibo, l’équivalent de Twitter en Chine.

« C’est choquant, ça fait si longtemps que je n’avais pas vu les mots “mort du virus” en Chine », s’alarmait un internaute.

Ce nouveau décès survient après l’apparition ces derniers jours de plusieurs foyers de contamination, entraînant une réponse ferme des autorités.

Le Heilongjiang, province limitrophe de la Russie, a ainsi proclamé mercredi « l’état d’urgence ». Ses quelque 37,5 millions d’habitants ont reçu pour consigne de rester dans la province sauf cas d’urgence et d’annuler tout rassemblement prévu.

La recrudescence des cas de COVID-19 inquiète le pouvoir à l’approche du Nouvel An chinois, qui tombe cette année le 12 février et donne lieu à des centaines de millions de déplacements de travailleurs migrants rentrant dans leur famille.