(Wellington, Nouvelle-Zélande) La première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern a été investie vendredi pour un second mandat, trois semaines après des élections qu’elle a remportées de façon encore plus triomphale que ce que l’on pensait initialement.

La charismatique dirigeante travailliste qui a eu 40 ans cet été a prêté serment en anglais et en maori lors d’une cérémonie à Wellington.

« Je dirais simplement que c’est Aotearoa Nouvelle-Zélande qui est assis à cette table », a-t-elle dit en citant le nom maori du pays et en désignant les membres de son gouvernement, au sein duquel les femmes et la communauté maorie figurent en bonne place.

« Ils représentent ensemble des perspectives très différentes, des talents et une expérience énorme et, comme on est en droit de s’y attendre pendant une crise, un énorme engagement au service du pays. »

Forte d’un bilan très solide dans la lutte contre le coronavirus, Mme Ardern a offert aux travaillistes leur plus grande victoire électorale depuis 1946.

Les résultats officiels publiés vendredi ont d’ailleurs montré que ce succès était encore plus vaste que ce que l’on croyait initialement puisque Mme Ardern a recueilli 50,0 % des suffrages (et non 49,0 % comme rapporté précédemment), et raflé 65 des 120 sièges au parlement (et non 64).

La principale formation d’opposition, le Parti national (centre droit) a essuyé une déroute en ne totalisant que 33 sièges (contre 35 annoncés initialement), ce qui a entraîné la démission du chef adjoint du parti Gerry Brownlee, qui avait dirigé la campagne.

Réformes

Mme Ardern a affirmé avoir reçu un mandat clair pour mener ses réformes, tout en expliquant que sa priorité serait la lutte contre le coronavirus et la relance de l’économie néo-zélandaise, qui a été plombée par la pandémie.

Celle-ci n’est qu’une des multiples crises auxquelles la dirigeante a été confrontée lors de son mandat.  

Son leadership avait notamment été salué dans la foulée des attaques de Christchurch, où un suprémaciste blanc australien avait tué froidement 51 fidèles dans deux mosquées.

Il y avait eu son attitude, ce mélange de compassion, de solidarité et de douleur partagée quand elle avait tenté d’apporter du réconfort aux victimes, coiffée d’un foulard.

Mais c’est aussi sa riposte politique-que ce soit sur le contrôle des armes ou sur la nécessité de pousser les réseaux sociaux à sévir contre les contenus extrémistes-qui lui avaient alors valu les louanges à l’étranger.

Elle a cependant été critiquée en Nouvelle-Zélande pour ne pas avoir tenu ses promesses en matière d’accès au logement, de protection de l’environnement ou de réduction de la pauvreté infantile.

Elle a réaffirmé depuis sa réélection sa volonté de conduire des réformes, mais a insisté sur la nécessité de ne pas s’aliéner l’électorat centriste qui a basculé en sa faveur.

« Nous devons nous assurer du fait que nous représentons tous ceux qui ont voté pour nous, que ce soient dans les circonscriptions urbaines, rurales, dans les circonscriptions générales ou maories », a-t-elle dit vendredi aux journalistes.

Elle avait au cours de sa campagne mis en avant des projets d’infrastructure, notamment dans les domaines du logement social et des énergies renouvelables et cité parmi ses priorités le réchauffement climatique et la lutte contre la pauvreté ou les inégalités.

Edward Elder, professeur de communication politique à l’Université d’Auckland, a estimé que Mme Ardern devrait adopter une approche progressive en matière de réforme.

« Tout dépend vraiment de ce que le gouvernement travailliste pense pouvoir mettre en œuvre pour réaliser un changement sur le long terme, plutôt que d’aller trop loin et de risquer un violent retour de bâton, et de voir le Parti national revenir en 2023 et défaire tout ce qui aura été fait », a-t-il dit à l’AFP.