(Jakarta) Les pays en développement doivent bénéficier d’un « accès égal » aux futurs vaccins contre la COVID-19 à celui des pays riches qui rivalisent pour obtenir des milliards de doses, a souligné la ministre indonésienne des Affaires étrangères Retno Marsudi.

Mme Marsudi a jugé la coopération entre les nations les plus développées et le reste du monde cruciale « pour garantir un accès égal à un vaccin sûr et abordable », au cours d’une interview avec l’AFP par lien vidéo depuis Londres.

« Vous imaginez […] si la plupart des vaccins sont octroyés aux pays développés ? ». « Quel sera le sort des pays en développement ? », s’est inquiétée la cheffe de la diplomatie de l’archipel d’Asie du Sud-Est.

Un rapport de l’ONG Oxfam le mois dernier avait conclu qu’un groupe de pays riches représentant 13 % de la population mondiale avait préacheté la moitié des futures doses de vaccins contre la COVID-19.

L’Indonésie, dotée de la quatrième population au monde, soit près de 270 millions d’habitants, fait face à un défi de taille pour assurer l’accès de ses citoyens aux futurs vaccins.  

Retno Marsudi était en déplacement au Royaume-Uni mercredi pour conclure un accord avec le groupe pharmaceutique AstraZeneca pour la fourniture de vaccins.  

Cette semaine, Airlangga Hartarto, ministre responsable de la réponse à la pandémie, a indiqué que le pays comptait obtenir quelque 100 millions de doses du laboratoire britannique.

« Je suis très optimiste sur le fait que l’on obtienne un nombre important de vaccins d’AstraZeneca », a indiqué Retno Marsudi sans entrer dans les détails.

La ministre doit aussi se rendre en Suisse cette semaine pour rencontrer les dirigeants de l’Organisation mondiale de la Santé et s’assurer que l’Indonésie pourra bénéficier du dispositif multilatéral sur les vaccins Covax.

En août, l’Indonésie a commencé à tester sur 1600 volontaires le candidat-vaccin chinois contre le coronavirus mis au point par le laboratoire Sinovac Biotech. Si les essais sont concluants, l’Indonésie compte lancer la production de ce vaccin sur son sol.

L’archipel est l’un des pays d’Asie les plus touchés par la pandémie avec plus de 340 000 cas enregistrés et plus de 12 000 morts. Mais les scientifiques estiment que ces statistiques sont probablement très sous-estimées au vu du nombre limité de tests effectués.

Rivalités Chine-É.-U.

Dans ce contexte de crise sanitaire mondiale, la hausse des tensions entre la Chine et les États-Unis est un sujet sensible pour l’Indonésie.

« Nous sommes très inquiets de la situation », a souligné la ministre. « C’est seulement avec une forte coopération que l’on sera capables ensemble de résoudre cette pandémie ».

« Nous ne voulons pas être pris au piège de ces rivalités », a-t-elle insisté au moment où la neutralité professée par l’Indonésie, comme par les pays de l’Asean, est de plus en plus sous pression.

Washington a critiqué récemment le renforcement de la présence militaire chinoise en mer de Chine méridionale, zone maritime qu’elle dispute à plusieurs autres pays d’Asie du Sud-Est, dont la Malaisie, le Vietnam et les Philippines.  

L’Indonésie n’a pas de revendications sur la mer de Chine méridionale. Mais cette année l’archipel a dû déployer des chasseurs pour surveiller une zone frontalière après des incursions de navires-garde-côtes chinois dans sa zone économique exclusive.

Un renforcement de la coopération militaire avec les États-Unis est une option sur la table, a indiqué Retno Marsudi alors que le ministre de la Défense indonésien Prabowo Subianto est attendu cette semaine pour une visite officielle aux États-Unis.

« Les États-Unis sont l’un de nos plus importants partenaires pour la défense », a-t-elle souligné.