(Islamabad) Le Pakistan a bloqué mardi l’accès à Tinder, Grindr et à plusieurs autres sites de rencontres accusés de diffuser des contenus « immoraux » et « indécents », quelques jours seulement après que son régulateur a menacé de fermer YouTube sur son territoire pour des raisons similaires.

L’Autorité pakistanaise des télécommunications (PTA) a annoncé dans un communiqué avoir bloqué l’accès à Tinder, Grindr, SayHi, Tagged et Skout, ces applications n’ayant pas répondu à plusieurs de ses requêtes leur demandant de « modérer (des contenus) en streaming conformément aux lois pakistanaises ».

L’interdiction est justifiée par les « effets négatifs de (ces) contenus immoraux/indécents », a précisé PTA.

Jeudi, le régulateur pakistanais avait déjà intimé à YouTube, filiale de Google, de bloquer immédiatement les vidéos considérées comme « répréhensibles », soit « les contenus vulgaires, indécents, immoraux, les images de nus et les discours de haine ».

En juillet, il avait adressé un dernier avertissement à l’application chinoise TikTok, lui ordonnant de filtrer l’intégralité des contenus jugés « obscènes », puis avait temporairement bloqué l’application Bigo Live, ainsi que le jeu PlayerUnknown’s Battlegrounds.

Les défenseurs de la liberté d’expression ont immédiatement critiqué cette nouvelle décision du régulateur.

« La police morale est immorale en elle-même », a déploré Shahzad Ahmad, directeur de Bytes For All, qui défend les droits en ligne. « Si des adultes choisissent d’être sur une application, ce n’est pas à l’État de leur dicter s’ils doivent l’utiliser ou non. »

« On ne peut que condamner cette violation de la vie privée », a-t-il ajouté, qualifiant cette interdiction de « complètement ridicule ».

Dans une courte réponse à l’AFP, Tinder s’est dit « heureux de pouvoir discuter de (son) produit et de (ses) efforts de modération avec l’Autorité pakistanaise des télécommunications » et « espère avoir une conversation fructueuse ».

Grindr est une application destinée aux personnes homosexuelles, qui risquent la prison au Pakistan, héritage d’une loi anti-sodomie datant de l’époque coloniale britannique. Ils sont même passibles d’exécution dans le cadre de la charia, également appliquée dans ce pays musulman conservateur.

Mais à la différence de l’Iran voisin ou de l’Arabie saoudite, la justice pakistanaise n’a jamais condamné personne pour de tels faits.

Sollicité par l’AFP, Grindr n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire.