(Londres) Joshua Wong, une figure de proue du mouvement pour la démocratie à Hong Kong, a confié dimanche sa crainte d’être arrêté en vertu de la nouvelle loi sur la sécurité nationale, au cours d’une entrevue réalisée dans le cadre d’un festival littéraire en Écosse.

« C’est difficile pour moi d’imaginer ou de prédire ce que sera mon avenir » a déclaré de militant de 23 ans, s’exprimant de Hong Kong par vidéoconférence, dans le cadre du festival international du livre d’Édimbourg.  

« Chaque jour je m’endors et je m’inquiète de savoir si le gouvernement va venir m’arrêter immédiatement ou le lendemain, faire irruption chez moi à 5 h du matin comme l’a vécu Jimmy Lai », a témoigné Joshua Wong, parlant du magnat des médias hongkongais arrêté comme d’autres contestataires en application de la nouvelle loi. Imposée le 30 juin par Pékin, cette loi vise à réprimer la subversion, la sécession, le terrorisme et la collusion avec les forces étrangères.

PHOTO VERNON YUEN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Le magnat de la presse Jimmy Lai a été arrêté le 10 août.

« Participer à cette entrevue peut aussi être vu comme une infraction du point de vue de Pékin », a fait remarquer le jeune homme, auteur du livre Unfree speech.

Joshua Wong a aussi confié être harcelé et suivi.

« J’ai été suivi par une voiture il y a deux heures », a-t-il raconté, expliquant avoir été photographié et « insulté » par des militants partisans du régime chinois.

« Ce sont des tactiques courantes qu’ils utilisent afin de cibler les militants pour la démocratie », a déclaré M. Wong, qui avait en 2014 été le visage du Mouvement des parapluies.

Une autre personnalité de premier plan de ce mouvement, Agnes Chow, a été arrêtée début août, puis libérée sous caution.

Joshua Wong a estimé que c’était son « devoir » et qu’il était de sa « responsabilité » de parler de ce qui se passe à Hong Kong.

Il a déclaré que le mouvement pour la démocratie réclamait seulement que Pékin respecte les libertés garanties aux Hongkongais au moment de la rétrocession en 1997 de cette ex-colonie britannique.

« Nous ne demandons pas quelque chose qui aille trop loin », a souligné l’ancien dirigeant de Demosisto, un parti qui défendait l’idéal démocratique dissout après l’adoption de la nouvelle loi.

Il a estimé qu’il n’y avait « aucune chance » que des élections libres se déroulent à Hong Kong avec Xi Jinping à la tête de la Chine.

Les législatives prévues pour septembre ont été reportées d’un an en raison du coronavirus et douze candidats du mouvement pour la démocratie, dont Joshua Wong, ont été disqualifiés.