(Genève) L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a obtenu la permission de prélever et analyser indépendamment des échantillons au Turkménistan, qui affirme être épargné par la pandémie de coronavirus, exprimant son « inquiétude » face à l’augmentation de cas de pneumonie dans ce pays.  

Le directeur de l’OMS pour l’Europe Hans Kluge a indiqué vendredi sur Twitter que son organisation avait exprimé « une sérieuse inquiétude au sujet de [la hausse des cas de] pneumonie négative à la COVID-19 » dans l’ex-république soviétique du Turkménistan. Ces propos ont été tenus lors d’une visioconférence le même jour en présence du président turkmène et du patron de l’OMS.

L’OMS « a appelé à ce qu’une équipe de l’OMS puisse recueillir des échantillons indépendamment et mener des tests de COVID-19 dans le pays et les analyser dans des laboratoires de référence de l’OMS. Le président a accepté », a ajouté M. Kluge.  

La télévision d’État turkmène a retransmis samedi cette visioconférence avec le président Gourbangouly Berdymoukhamedov et le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, sans mentionner toutefois les préoccupations de l’OMS ni la promesse du président de permettre des analyses indépendantes.  

Depuis le début de la pandémie, le Turkménistan n’a de cesse de qualifier de « fausses » les informations faisant état de l’apparition du coronavirus sur son territoire.  

Seule une poignée d’États dans le monde disent avoir échappé à la pandémie, parmi lesquels le Turkménistan, la Corée du Nord et des îles isolées du Pacifique.  

Une mission de l’OMS a été organisée au Turkménistan en juillet, l’organisation recommandant au pays d’adopter des mesures « comme si la COVID-19 circulait », sans pour autant se risquer à affirmer que le gouvernement dissimulait des contaminations au nouveau coronavirus.  

Le Turkménistan a depuis mis en place des mesures de confinement dans l’ensemble du pays, intimant aux habitants de porter des masques en raison de « poussières » et de « pathogènes ».

La télévision publique a indiqué samedi que le président avait évoqué avec l’OMS « une pneumonie […] inconnue, qui se répand rapidement dans notre région » d’Asie centrale, sans préciser si elle avait atteint le Turkménistan.  

Le président Berdymoukhamedov aurait même indiqué que les cas de pneumonie dans la région pourraient être liés à un « nouveau coronavirus ».

La santé publique est un sujet important de la propagande des autorités du Turkménistan, qui a également affirmé par le passé avoir zéro cas de HIV/Sida.

Le tout-puissant président, un ancien dentiste de 63 ans et ex-ministre de la Santé, se met régulièrement en scène à vélo, et a mis en place d’importantes mesures antitabac.

Le Turkménistan est régulièrement classé par des ONG comme un des pays les plus répressifs du monde, dépourvu de liberté de la presse.