(Sydney) L’inquiétude face à la recrudescence de la pandémie de la COVID-19 se renforce en Australie, où plus de cinq millions de personnes ont reçu mardi l’ordre de rester confinées à Melbourne, deuxième ville du pays, mais aussi aux États-Unis, qui continuent de battre des records de contaminations.

Le reconfinement à Melbourne (sud-est), qui a fait état de 191 nouveaux cas en 24 heures, prendra effet à compter de minuit dans la nuit de mardi à mercredi pour une durée d’au moins six semaines, a annoncé le premier ministre de l’État de Victoria, Daniel Andrews.

Selon lui, il s’agit de la seule solution possible, car sinon, « potentiellement », il y aura « des milliers et des milliers de cas » supplémentaires.

La plupart des élèves suivront à nouveau un enseignement à distance, tandis que les restaurants et les cafés ne pourront plus servir que des plats à emporter.

Phoebe Askham, barmaid à l’Hotel Lincoln de Melbourne, est inquiète : « Je viens d’être embauchée la semaine dernière et les nouvelles restrictions signifient que je vais perdre mon emploi et me retrouver de nouveau sans salaire », a-t-elle confié à la chaîne locale  7News.

Depuis mardi minuit, tout l’État de Victoria est isolé du reste du pays après la fermeture de ses frontières. Des policiers et des militaires surveillent des dizaines de points de passage avec les autres États à l’aide de drones et d’avions.  

« Jusqu’aux genoux »

Les États-Unis ont de leur côté enregistré lundi près de 55 000 nouveaux et franchi la barre des 130 000 morts, conduisant le directeur de l’Institut américain des maladies infectieuses, Anthony Fauci, à juger que son pays était encore « enfoncé jusqu’aux genoux » dans la première vague de contaminations.

Selon lui, il faut agir immédiatement pour enrayer la résurgence actuelle, notamment dans l’ouest et le sud du pays, alors que le président Donald Trump continue pourtant d’affirmer que la crise est « sur le point » de s’achever, s’attirant l’ire de nombreux élus.

Le maire démocrate d’Austin, au Texas, Steve Adler, a ainsi qualifié ses propos de « dangereux » pour les habitants de sa ville, dont les services de réanimation risquent d’être débordés « d’ici dix jours ». « Nous avons rouvert beaucoup trop tôt en Arizona », a déploré de son côté la maire de Phoenix Kate Gallego.

La maire d’Atlanta, Keisha Lance Bottoms, pressentie comme possible colistière du candidat démocrate à la présidentielle Joe Biden, a annoncé mardi avoir été déclarée positive.

Les États-Unis sont le pays le plus touché du monde par la pandémie, à la fois en nombre de cas (2 931 142) et de décès (130 248), selon le décompte de l’université Johns Hopkins.

Dans ce contexte de recrudescence de la pandémie, plus de 230 scientifiques internationaux ont alerté sur « la transmission aérienne de la COVID-19 », soit la suspension des particules virales dans l’air, et non seulement par la projection de gouttelettes (par la toux, l’éternuement et la parole) sur le visage d’autrui ou des surfaces.

Ils ont par conséquent recommandé une ventilation vigoureuse des espaces publics intérieurs.  

 Hôpitaux de campagne

Le nombre de contaminations connaît aussi un embrasement en Inde, troisième pays au monde en nombre de cas déclarés (derrière les États-Unis et le Brésil) et qui a franchi mardi la barre des 20 000 morts.

L’épidémie est particulièrement virulente dans les grandes villes indiennes de Bombay, Delhi et Chennai. Les spécialistes escomptent que le pic ne sera pas atteint avant plusieurs semaines, malgré deux mois d’un confinement brutal (fin mars à début juin).

Dans l’agglomération de Bombay, qui représente à elle seule près d’un quart des 20 160 décès de la maladie COVID-19 enregistrés en Inde, les autorités ont inauguré mardi quatre hôpitaux de campagne supplémentaires - dont un de 700 lits construit sur un hippodrome - pour recevoir des patients.

La tendance demeure également inquiétante dans plusieurs pays d’Amérique latine.  

L’Argentine a enregistré lundi 75 décès dus au nouveau coronavirus, un record journalier depuis le début de la pandémie. La capitale Buenos Aires et sa région métropolitaine, où vivent 14 millions de personnes et où se concentrent plus de 90 % des cas de contamination, a été à nouveau placée en confinement strict du 1er au 17 juillet pour tenter de freiner la propagation du virus.

Bac en Chine

Au Brésil, le président Jair Bolsonaro, qui s’est toujours dit sceptique sur la pandémie, a annoncé lundi qu’il présentait certains symptômes et qu’il s’était soumis à un test dont les résultats seront connus mardi.

Au milieu de ce sombre tableau, une nouvelle positive est arrivée de Chine : l’annonce mardi de zéro nouveau malade de la COVID-19 sur les 24 dernières heures dans la capitale chinoise, une première depuis un rebond épidémique le mois dernier qui avait avivé les craintes d’une deuxième vague.

Dans ce contexte, 11 millions de lycéens chinois entament mardi les épreuves du bac. Accompagnés par leurs parents, des centaines se pressaient mardi à Pékin devant les écoles, vêtus de leur uniforme scolaire – généralement un survêtement de sport aux couleurs de l’établissement.

« Je suis encore plus stressée que mon fils », témoigne Mme Yi, 49 ans. « Il a passé deux tests de dépistage contre la COVID-19. Et je communiquais sa température à l’école quatre fois par jour avant l’examen ».

Chute du PIB

L’Europe, où l’évolution de la pandémie semble également maîtrisée, s’inquiète tout de même d’une résurgence des cas, conduisant la mise en place de nouvelles restrictions locales.

En Espagne, les autorités sanitaires se disent « très préoccupées » par la reprise de l’épidémie dans une région de 200 000 habitants en Catalogne (nord-est), soumise à des mesures d’isolement samedi, à l’instar d’une autre région côtière en Galice.

Certains foyers de contaminations en Espagne « atteignent des niveaux bien au-delà que ce qui est souhaitable », a estimé l’épidémiologiste en chef du ministère de la Santé Fernando Simon.

Sur le front économique, l’impact de la crise sanitaire sur le PIB de la zone euro sera pire que prévu, a averti mardi la Commission européenne. Il devrait chuter de 8,7 % en 2020 avant de rebondir en 2021 (+6,1 %).

« L’impact économique du confinement est plus grave que ce que nous avions prévu au départ. Nous continuons à naviguer en eaux troubles et sommes confrontés à de nombreux risques, dont une nouvelle vague importante d’infections », a expliqué le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis.