(Hpakant) Les secours birmans étaient toujours vendredi à la recherche de personnes portées disparues au lendemain du gigantesque glissement de terrain dans une mine de jade du nord du pays, qui a fait à ce stade plus de 160 victimes.

Il s’agit de la pire catastrophe connue dans l’industrie du jade en Birmanie, un secteur opaque et peu règlementé où les conditions de travail sont dangereuses particulièrement pendant la mousson.

166 corps ont été retrouvés pour le moment et 54 blessés ont été transportés dans des hôpitaux de la région, selon les pompiers.

Les recherches se poursuivent, mais sont compliquées par les pluies diluviennes en cette période de mousson.

Des proches venaient identifier les victimes alignées sous des bâches et se recueillir près des dépouilles couvertes de boue, d’après des images diffusées sur les réseaux sociaux. « Mon fils », pleurait une mère.

Plusieurs dizaines de mineurs appartenaient à l’ethnie dite rakhine ou arakanaise, a indiqué le Parti national de l’Arakan (ANP) qui a présenté ses condoléances aux familles.

Le glissement de terrain s’est produit dans la région minière d’Hpakant, près de la frontière chinoise.

Après d’importantes averses, des amas de roche sont tombés dans un lac, provoquant des vagues de boue qui ont submergé les mineurs.

Les glissements de terrain sont fréquents dans cette région pauvre et difficile d’accès, aux allures de paysage lunaire tant elle a été altérée par les grands groupes miniers, au mépris de l’environnement.

Pour freiner cette exploitation sans limites, le gouvernement birman a imposé un moratoire sur les nouveaux permis de prospection minière en 2016 et interdit aux compagnies d’exploiter des surfaces de plus de deux hectares.

Résultat, beaucoup de grandes mines ont fermé et ne sont plus surveillées, permettant le retour de nombreux mineurs indépendants. Issus de communautés ethniques défavorisées, ces derniers opèrent quasi clandestinement dans les sites laissés à l’abandon par les pelleteuses.

La Birmanie tire de grands profits de la présence massive de la précieuse pierre dans son sous-sol.  

En 2014, le pays a vendu sur le marché mondial près de 27,5 milliards d’euros de jade, dix fois le chiffre officiel selon un rapport publié en 2015 par l’ONG Global Witness.

Ce commerce aide à financer les deux côtés d’une guerre civile qui dure depuis plusieurs décennies entre des insurgés de l’ethnie kachin et les militaires birmans.