(Bangkok) Des militants prodémocratie manifestaient mercredi à travers la Thaïlande pour marquer l’anniversaire de la révolte de 1932 qui mit fin à la monarchie absolue, exigeant des réformes et dénonçant un système politique encore dominé par l’armée.

Le 24 juin 1932, le « parti du peuple » – des bureaucrates et des militaires – mettait un terme à des siècles d’absolutisme, une date devenue symbolique pour les groupes prodémocratie, particulièrement depuis le coup d’État du général Prayut Chan-O-Cha en 2014, resté au pouvoir après des élections controversées l’année dernière.

Quelques dizaines de personnes se sont rassemblées mercredi près du Parlement de Bangkok, certaines brandissant des pancartes avec des slogans comme : « Abolissez la Constitution qui maintient le pouvoir militaire » ou encore : « ce pays appartient au peuple ».

Une autre manifestation a eu lieu au petit matin devant le Monument de la démocratie de la capitale thaïlandaise, non loin du lieu où une plaque commémorant la révolte de 1932 a mystérieusement été démantelée en 2017.

Le gouvernement actuel « essaye de diminuer le pouvoir du peuple », a déploré le militant Pachanee Kamnak. « La Constitution doit être faite par et pour le peuple, non par un groupe de personnes qui rédige un texte pour nous contrôler », a relevé une autre manifestante, en référence à la dernière révision constitutionnelle très proarmée adoptée en 2017.

Les militaires et la monarchie demeurent des acteurs très puissants de la vie politique thaïlandaise.

Et ces rassemblements interviennent à une période sensible pour les deux institutions.

Un militant prodémocratie thaïlandais en exil au Cambodge a été enlevé début juin dans les rues de Phnom Penh, d’après des défenseurs des droits humains et des voix se sont élevées en Thaïlande pour réclamer des explications.

La pandémie de coronavirus a mis des millions de personnes au chômage et crée du mécontentement vis-à-vis du gouvernement.

Des interrogations sur la monarchie, traditionnellement vénérée dans la culture thaïlandaise en tant que protecteur de la nation et de la religion bouddhiste, ont aussi émergé après des tweets d’un activiste étranger évoquant des voyages du monarque Maha Vajiralongkorn en Allemagne pendant le verrouillage du royaume.

Prayut Chan-O-Cha a récemment mis en garde contre toute critique envers la monarchie.  

Cette dernière est protégée par une législation très sévère sur le crime de lèse-majesté, passible de 15 ans de prison.

Le roi, couronné l’année dernière, a expressément demandé que ce dispositif ne soit plus utilisé, a indiqué le premier ministre.

Mais des groupes de défenses des droits de l’homme estiment que les autorités ont recours à d’autres textes, notamment une loi sur le contrôle de l’internet.