La capitale de la Chine a resserré ses mesures après la découverte d’une centaine de nouveaux cas de COVID-19 au cours des derniers jours. Alors que la plupart des pays occidentaux ont bien entamé leur déconfinement, la crainte de la deuxième vague revient à l’avant-plan.

106 cas

« Course contre la montre », « situation extrêmement grave » : les expressions de la mairie de Pékin font penser que le nombre de cas a atteint des sommets. Pourtant, les dernières mesures ont été mises en place après l’apparition de 106 nouveaux cas en 5 jours. Depuis décembre dernier, la capitale n’a enregistré que 9 morts dues à la COVID-19 — même si de nombreux experts mettent en garde contre les chiffres avancés par la Chine. En comparaison, au Québec, mardi, on comptait 92 nouveaux cas confirmés et 21 décès supplémentaires. « Au Québec, on dit qu’il y a eu juste 100 cas et pour nous, c’est une bonne nouvelle, illustre Parisa Ariya, professeure aux départements des sciences atmosphériques et océaniques et de chimie à l’Université McGill. Mais pour les Chinois, 100 personnes, ils disent que c’est énorme. Et c’est ça qu’il faut considérer, il faut mettre en place [des mesures de] protection. » Si Pékin réagit si fortement, c’est notamment que le virus semblait presque éradiqué sur son territoire. Dans une ville aussi densément peuplée, il est également nécessaire de contenir rapidement la transmission.

Pékin teste

Les nouveaux cas répertoriés sont centrés autour du marché géant de Xinfadi, dans le sud de la capitale de 21 millions d’habitants. La mairie a annoncé une série de mesures, dont la nécessité d’obtenir un certificat attestant d’un test négatif pour pouvoir sortir de la ville. Dans les zones touchées, il est simplement interdit de quitter Pékin. Les écoles sont à nouveau fermées. La Chine compte maintenant procéder à une vaste série de tests, sur des dizaines de milliers de résidants. « Il faut être alertes et des pays l’ont compris depuis le début, estime Denis Archambault, professeur au département des sciences biologiques à l’UQAM. La Chine a une très grande capacité à tester. Ils ne veulent pas revivre ce qu’ils ont vécu. » Professeur adjoint en médecine sociale et préventive à l’Université de Montréal, Simon de Montigny souligne qu’une bonne stratégie reste de retracer les contacts d’une personne infectée et de cibler les gens pour ces tests. Un test négatif peut aussi apporter un faux sentiment de sécurité. « Il faut que les tests soient efficaces, dit-il. Si on fait le test le matin, la personne peut l’attraper l’après-midi. En théorie, il faudrait tester tout le monde tous les jours, mais c’est impossible. »

PHOTO TINGSHU WANG, REUTERS

Le marché de Xinfadi a été fermé au public.

Deuxième vague

À l’heure où de nombreux pays déconfinent, l’Organisation mondiale de la santé a indiqué suivre « de très près » la situation en Chine, dans la crainte d’une deuxième vague. « Le problème n’est pas dans le déconfinement, mais dans la manière dont les gens se comportent », juge M. Archambault. Distanciation, étiquette respiratoire, port du masque, lavage des mains devraient rester à l’esprit de chacun tant qu’il n’y aura pas de vaccin, avertissent les experts. « On sait que, quand on ouvre, il y a plus de cas. La question est de savoir comment déconfiner de façon intelligente », dit Parisa Ariya, qui juge très probable, quoiqu’incertaine, l’arrivée d’une deuxième vague dans les endroits déconfinés. Elle insiste sur la nécessité de porter le masque, tant pour protéger les autres que soi-même.

Économie

La centaine de nouveaux cas répertoriés à Pékin et les mesures mises en place ont ébranlé les cours du pétrole. « Si la Chine se confine à nouveau, et met en place des restrictions sur les déplacements, la demande en pétrole ne risque pas de s’améliorer dans un futur proche », a dit à l’Agence France-Presse l’analyste d’Oanda, Edward Moya. Il a souligné qu’« une deuxième vague à Pékin n’était sur le radar de personne et risque de perturber la reprise de la demande en brut au second semestre ».

— Avec l’Agence France-Presse