(Pékin) Les autorités chinoises auront la possibilité de se joindre à la police de Hong Kong pour enquêter sur des suspects en vertu d’un projet de loi controversé sur la sécurité, a affirmé samedi une conseillère du territoire autonome.

Le régime communiste a déposé vendredi au Parlement un texte qui vise à interdire « la trahison, la sécession, la sédition [et] la subversion » à Hong Kong, en réponse aux manifestations monstres de l’opposition démocratique l’an dernier.  

Les opposants au projet y voient l’attaque la plus grave contre les libertés de Hong Kong depuis la rétrocession de la ville à la Chine en 1997 et une violation du principe « Un pays, deux systèmes » qui doit présider aux relations entre Pékin et sa région autonome spéciale.

La proposition comprend un article qui permettrait aux forces de sécurité chinoises d’établir des bureaux à Hong Kong, qui dispose de sa propre police.

Si la loi est adoptée, les policiers chinois pourront mener des enquêtes à Hong Kong après avoir obtenu l’« approbation » des autorités locales, a affirmé Maria Tam, spécialiste du droit hongkongais et conseillère spéciale auprès du Parlement chinois.

Ces enquêtes « pourraient être menées conjointement » avec la police de Hong Kong, a précisé Mme Tam lors d’un entretien à l’AFP.

Pékin dispose déjà d’une garnison à Hong Kong mais l’armée chinoise n’est autorisée, en principe, à intervenir que sur demande du gouvernement local.

Hong Kong jouit d’une très large autonomie par rapport au reste du pays dirigé par le Parti communiste chinois (PCC), en vertu du concept « Un pays, deux systèmes ».  

Ses habitants bénéficient ainsi de la liberté d’expression, de la liberté de la presse et d’une justice indépendante. Des droits inconnus en Chine continentale.

Mais l’an dernier des manifestations contre la mainmise jugée grandissante de Pékin sur le territoire ont donné lieu à des affrontements parfois violents entre radicaux et forces de l’ordre.  

PHOTO LAM YIK FEI, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Si quelqu’un est arrêté et poursuivi, « cela se fera dans le cadre du système juridique existant à Hong Kong », a assuré Mme Tam.

« Je ne crains pas que quelqu’un soit arrêté par un policier [chinois] et ramené en Chine continentale pour enquête ou sanction », a-t-elle affirmé.  

« Cela n’arrivera pas », a insisté Maria Tam.

Le projet de résolution sera soumis au vote du Parlement chinois jeudi 28 mai, lors de la séance de clôture de l’actuelle session parlementaire.  

Les détails concrets devraient ensuite être précisés à l’occasion d’une réunion du comité permanent du Parlement le mois prochain.