(Pékin) Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a « condamné » mercredi l’expulsion par la Chine de trois journalistes du Wall Street Journal, exhortant le pays à respecter la liberté de la presse.

« Les pays sensés et responsables comprennent que la presse libre rapporte des faits et exprime des opinions. La réponse adéquate est de présenter des arguments contraires, pas de restreindre la liberté d’expression », a déclaré M. Pompeo dans un communiqué.

Pékin a très mal pris un texte d'opinion publié par le quotidien américain titrée : « La Chine est le véritable homme malade de l’Asie ».

Le gouvernement chinois a annoncé mercredi qu’il retirait leur carte de presse à trois journalistes du Wall Street Journal (WSJ) accrédités en Chine en raison de ce titre que Pékin a jugé raciste.

Les trois journalistes ont cinq jours pour quitter le pays, a souligné le WSJ. Il s’agit d’une des mesures les plus radicales prises par le régime communiste à l’encontre d’un média étranger depuis des années.

En pleine épidémie de coronavirus, Pékin a très mal pris un texte d'opinion du 3 février titrée : « La Chine est le véritable homme malade de l’Asie ».

Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Geng Shuang, a expliqué mercredi devant la presse que ce titre était empreint de « discrimination raciale » et « sensationnaliste ». Il a reproché au WSJ de ne pas avoir présenté les excuses que Pékin réclamait.

« Notre intention n’était pas d’offenser avec ce titre », a réagi William Lewis, directeur général du groupe Dow Jones, qui publie le Wall Street Journal, dans une déclaration transmise à l’AFP. « Quoi qu’il en soit, cela a clairement contrarié et inquiété les Chinois, ce que nous regrettons. »

Le responsable a rappelé que le service qui gère la page où des contributeurs externes peuvent exprimer des opinions, était complètement séparé du reste de la rédaction.

Le directeur adjoint du bureau de Pékin du journal, Josh Chin, et la journaliste Chao Deng, tous deux de nationalité américaine, sont visés par cette mesure, ainsi qu’un reporter australien, Philip Wen, a précisé le WSJ.

L’expression « homme malade de l’Asie » est un terme ancien utilisé par certains Occidentaux au XIXe siècle pour décrire la Chine. Il est généralement considéré comme très offensant dans ce pays.

Le texte d'opinion, rédigée par Walter Russell Mead, un professeur du Bard College, une prestigieuse université américaine, s’alarmait des risques que l’épidémie de coronavirus fait peser sur l’économie chinoise et, partant, mondiale.

Il critiquait aussi la lenteur de la réaction initiale des autorités chinoises après l’apparition, en décembre, du virus à Wuhan, dans le centre de la Chine.  

Ce texte « a diffamé les efforts du gouvernement et du peuple chinois dans leur lutte contre l’épidémie », a condamné le porte-parole de la diplomatie chinoise.

La Chine a dans le même temps jugé « inacceptables » les nouvelles règles, annoncées mardi, imposées par Washington aux médias publics chinois aux États-Unis. Ces derniers sont désormais assimilés à des missions diplomatiques, car considérés comme des organes de propagande.

« Nous demandons respectueusement que le ministère chinois des Affaires étrangères restitue leurs visas à Philip Wen, Chao Deng et Josh Chin », a déclaré William Lewis, directeur de la publication du Wall Street Journal.

« Le besoin d’une information de qualité, fiable, provenant de Chine est plus important que jamais », a estimé le responsable. « La décision, annoncée aujourd’hui, de viser des journalistes de notre rédaction entrave cette mission. »