(Pékin) Le président chinois Xi Jinping s’est félicité mercredi de ce qu’il a qualifié « d’évolution positive » de l’épidémie de coronavirus, mais à Genève l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a tempéré son optimisme, estimant qu’il était « beaucoup trop tôt » pour prédire sa fin.

À Pékin, le chef de l’État a fait remarquer que le nombre de nouveaux cas diminuait depuis trois jours, malgré un bilan qui dépasse désormais les 1100 morts.

Le pays ne doit toutefois « pas relâcher » sa garde dans cette « grande guerre », a-t-il martelé lors d’une réunion de l’instance dirigeante du Parti communiste (PCC).  

À Genève, Michael Ryan, chef du département des urgences sanitaires de l’OMS, a pour sa part déclaré quelques heures plus tard : « Je pense qu’il est aujourd’hui beaucoup trop tôt pour tenter de prédire le commencement, le milieu ou la fin de cette épidémie ».  

Le chef de l’Organisation internationale, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a renchéri : « le nombre de nouveaux cas rapportés en Chine (s’est) stabilisé durant la dernière semaine », mais « cela devait être interprété avec une extrême prudence […] Cette épidémie peut aller dans n’importe quelle direction ».  

Pour l’instant, 99,9 % des décès enregistrés dans le monde l’ont été en Chine continentale (hors Hong Kong et Macao), où est apparue la maladie en décembre dans la grande ville de Wuhan (centre).  

La maladie, désormais nommée « Covid-19 » par l’OMS, a fait 1113 morts, selon les autorités sanitaires chinoises. Au total, 44 653 personnes contaminées ont été répertoriées en Chine continentale.  

Le nombre de nouveaux cas quotidiens rapportés mercredi (2015) a sensiblement diminué par rapport à celui de la veille (2478) et de l’avant-veille (3062), selon la Commission nationale (ministère) de la santé.  

« Par un travail acharné, l’épidémie connaît une évolution positive et le travail de contrôle et de prévention est parvenu à des résultats positifs. Cela n’a pas été facile », a remarqué le président chinois.

Quant au nombre quotidien de morts (97), il a enregistré sa première baisse depuis le 2 février. Il s’élevait mardi à 108.

PHOTO DENIS BALIBOUSE, REUTERS

Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS, et la directrice technique du programme d’urgence de l’OMS Maria Van Kerkhove, lors d’une réunion de l’organisme le 6 février.

Zhong Nanshan, un spécialiste chinois reconnu des maladies respiratoires, vétéran de la lutte contre le SRAS (2002-2003), a ainsi estimé mardi que l’épidémie devrait connaître un pic « d’ici le milieu ou la fin de février ».

Croisière cauchemar

En dehors de Chine continentale, le virus n’a pour l’instant entraîné la mort que de deux personnes, une aux Philippines et une autre à Hong Kong. Il s’agissait dans les deux cas de ressortissants chinois.

Au Japon, la situation s’est aggravée à bord du paquebot de croisière Diamond Princess, en quarantaine près de Yokohama (est) : 174 personnes sont désormais contaminées. Trente-neuf nouveaux cas ont été annoncés mercredi.  

Le coronavirus inquiète dans l’Union européenne, où des cas ont notamment été déclarés en Allemagne (16) et en France (11). Les ministres européens de la Santé se retrouveront jeudi à Bruxelles pour évoquer le sujet.

’Répercussion négative’

L’épidémie ou la crainte internationale d’une contamination a conduit mercredi les organisateurs du Salon mondial du mobile de Barcelone, la grand-messe annuelle de la profession, à annuler leur manifestation, prévue du 24 au 27 février.  

« La préoccupation mondiale relative à l’épidémie de coronavirus, les inquiétudes sur les voyages et d’autres circonstances rendent impossible l’organisation de cet événement », a plaidé l’Association mondiale des opérateurs télécoms (GSMA) qui l’organise.  

C’est un coup dur pour la deuxième ville d’Espagne : le salon devait attirer plus de 110 000 visiteurs et générer 492 millions d’euros de retombées locales et plus de 14 000 emplois.

Plus tôt dans la journée, la Fédération internationale de l’automobile (FIA) avait annoncé le report à une date non précisée du Grand Prix de Chine de Formule 1, qui était prévu le 19 avril à Shanghai. La décision a été prise à la demande des organisateurs du Grand Prix et des autorités sportives chinoises.

À Paris, le créateur chinois Jarel Zhang, qui figure au calendrier de la Fashion Week, a annoncé l’annulation de son défilé en mars « afin de garantir la bonne santé et la sécurité des deux pays et de réduire le nombre de contacts ».  

Face à l’épidémie, plusieurs pays comme les États-Unis et l’Australie ont décidé ces dernières semaines de fermer leurs portes aux voyageurs venant de Chine continentale.

L’administration chinoise de l’aviation civile (CAAC) a appelé mercredi ces États à lever ces restrictions, pointant leur « répercussion négative » sur le secteur aérien et l’économie mondiale, selon l’agence Chine nouvelle.

Wuhan, épicentre de l’épidémie, continue d’être coupée du monde depuis près de trois semaines. Un cordon sanitaire empêche les entrées et les sorties. Les produits alimentaires et médicaux peuvent cependant passer.

Ailleurs en Chine, plusieurs métropoles imposent ou conseillent à leurs habitants de rester chez eux.  Des banderoles et des messages diffusés par haut-parleur incitent à porter des masques et à se laver les mains.

L’économie nationale demeure largement paralysée, malgré une reprise timide du travail depuis le début de la semaine. Beaucoup d’étudiants suivent des cours en ligne et les employés sont incités à travailler à domicile.

Craignant la perspective d’une rude chute de la croissance, le premier ministre Li Keqiang a appelé mercredi à une « reprise ordonnée de l’activité et de la production » dans le pays, a indiqué Chine nouvelle.