Alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) poursuivait mercredi son analyse de la situation, le gouvernement chinois a décidé de prendre les grands moyens pour tenter d’endiguer la propagation dans le pays d’un nouveau virus détecté fin décembre.

Le quotidien China Daily, porte-voix du régime, a annoncé que les 11 millions d’habitants de Wuhan, considéré comme l’épicentre de la crise, ne seraient plus autorisés à quitter la ville à compter de 10 h ce jeudi matin, « sauf s’il y a des circonstances spéciales ».

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Des Chinois munis d'un masque marchent à Wuhan.

Les gares ferroviaires et l’aéroport seront fermés, et les transports en commun locaux seront suspendus.

Les résidants ont aussi été avisés d’éviter les rassemblements publics pour réduire les risques de transmission du virus, qui aurait d’abord été transmis de l’animal à l’humain dans un marché de fruits de mer et d’animaux exotiques de la ville.

La décision survient alors que le nombre de cas de contamination rapportés continue de monter rapidement en Chine. Le dernier bilan disponible mercredi faisait état de 550 personnes affectées et de 17 morts, ces derniers étant concentrés dans la province centrale où se trouve Wuhan.

Les territoires autonomes de Macao et Hong Kong ont signalé leurs premiers cas dans la journée. La Thaïlande, le Japon, la Corée du Sud et les États-Unis ont aussi signalé une poignée de cas de même nature au cours des derniers jours.

Des questions en suspens

L’OMS, qui suit de près la crise depuis des semaines, avait convoqué hier un comité d’experts pour déterminer s’il y a lieu de déclarer une « urgence de santé publique de portée internationale ».

Le directeur général de l’organisation, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a indiqué lors d’une conférence de presse à Genève que les membres du comité manquaient d’informations sur le virus pour en arriver à une conclusion définitive et devraient se réunir de nouveau à ce sujet aujourd’hui.

Le Dr Mike Ryan, directeur des urgences sanitaires de l’OMS, a précisé que des questions importantes demeuraient, notamment relativement aux mécanismes de transmission du virus.

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Li Bin, vice-ministre de la Commission nationale de la santé

Un officiel chinois, Li Bin, a prévenu plus tôt dans la journée qu’il existe un risque de mutation du coronavirus susceptible d’accélérer sa propagation.

Les représentants de l’organisation internationale ont cependant affirmé qu’il n’y avait pas pour l’heure d’indication qu’une mutation problématique était survenue. « Le virus se montre stable », a indiqué Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Le gouvernement chinois a répété pendant plusieurs semaines que le virus pouvait passer de l’animal à l’homme, mais pas entre humains, avant de réviser le tir à ce sujet lundi.

Des pays aux aguets

Plusieurs pays, dont le Canada, ont subséquemment décidé d’instaurer des mesures de contrôle dans les aéroports pour détecter des cas problématiques.

La Dre Cécile Tremblay, une microbiologiste-infectiologue rattachée au Centre hospitalier de l’Université de Montréal, a indiqué hier qu’une décision de l’OMS visant à faire de la crise une « urgence de santé publique de portée internationale » n’aurait pas d’incidence majeure sur l’approche suivie par les autorités sanitaires québécoises et canadiennes.

Le réseau de la santé est déjà sur le qui-vive, et les ressources pour gérer ce type de situation ont été sensiblement accrues depuis l’épidémie de cas de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) en 2002-2003, dit la spécialiste.

« Ça permet surtout à l’OMS d’avoir accès à plus d’argent pour venir en aide aux pays qui en ont besoin », souligne-t-elle.