(Sydney) Les pompiers redoublaient d’efforts mardi pour reprendre le contrôle de gigantesques incendies de forêt en Australie, profitant d’une météo ponctuellement moins défavorable avant une nouvelle vague de chaleur dans les prochains jours.

Pour ces volontaires épuisés après des mois de bataille contre les flammes, il s’agissait notamment de canaliser la propagation des feux, de débroussailler des zones à risque ou encore de procéder au déclenchement de feux tactiques pour brûler la végétation et priver les incendies principaux de combustible.

Ces actions ont des allures de course contre la montre car l’agence météorologique australienne prévoit une nouvelle hausse du mercure vendredi, accompagnée d’un renforcement des vents.

« Il s’agit vraiment d’organiser les protections pour limiter les dégâts potentiels et l’apparition de nouveaux foyers dans les prochains jours », a déclaré le chef des pompiers dans les zones rurales de l’État de Nouvelle-Galles-du-Sud, Shane Fitzsimmons.

Les fumées repérées en Argentine

Il a parlé de conditions désormais « beaucoup plus favorables », mais mis en garde contre « le retour d’un temps chaud attendu dans la semaine ».

Des dizaines de feux échappent toujours à tout contrôle dans l’est de l’immense île-continent. Et les autorités redoutent la jonction de deux incendies faisant rage dans les États de Nouvelle-Galles-du-Sud et du Victoria, qui pourraient donner lieu à un brasier monumental.

PHOTO PETER PARKS, AFP

Des précipitations lundi ont offert un répit relatif, mais elles restaient insuffisantes pour permettre l’extinction des incendies. Dans certaines zones, elles ont même compliqué l’action des pompiers, en particulier les opérations de brûlage contrôlé.

Vingt-cinq personnes ont péri depuis le début de cette crise en septembre. Plus de 1800 maisons ont été réduites en cendres, de même qu’environ 80 000 km2, soit une superficie équivalente à l’île d’Irlande.

Autre signe de l’ampleur du désastre en cours, les services météorologiques chilien et argentin ont annoncé lundi que les fumées des incendies australiens avaient été repérées dans le ciel de ces deux pays, distants de plus de 12 000 km de l’Australie.

On ignore encore ce que sera le coût financier de cette dramatique saison des feux, qui a cette fois été particulièrement précoce et virulente. Mais le Conseil des assureurs d’Australie a annoncé que les demandes de dédommagements reçues par les compagnies s’élevaient d’ores et déjà à 700 millions de dollars australiens (433 millions d’euros), un montant appelé à grimper.

Cyclone porteur d’espoir

Critiqué pour la lenteur de sa réponse depuis le début de cette crise, mais aussi pour son piètre bilan en matière de lutte contre le réchauffement climatique, le premier ministre conservateur Scott Morrison s’est engagé à reverser sur deux ans deux milliards de dollars australiens (1,2 milliard d’euros) de rentrées fiscales dans un fonds national d’aide aux victimes des incendies.

À Sydney, un hommage a été rendu pour les funérailles d’Andrew O’Dwyer, un pompier de 36 ans décédé en combattant les feux fin décembre.

PHOTO STRINGER, REUTERS

Nombre de ses collègues en tenue orange étaient alignés dans la rue au passage du cortège transportant son cercueil qui était recouvert du drapeau du service rural des pompiers.

Les conditions dans les prochains jours ne devraient pas être aussi catastrophiques que samedi. Mais M. Fitzsimmons a déclaré à la chaîne publique ABC qu’il ne fallait pas « se laisser gagner par une fausse impression de sécurité ».

Un grand nombre de feux sont trop importants pour être éteints par les pompiers. Et seules de très importantes précipitations permettront d’en venir à bout, a-t-il dit.

M. Fitzsimmons, qui est au fil des mois devenu le visage de la lutte contre les incendies en raison de ses multiples interventions dans les médias, s’est surpris à saluer la formation d’un cyclone au large du nord-ouest de l’Australie, en espérant y voir la promesse d’une fin prochaine de la saison des feux.

« C’est bien de voir qu’un cyclone est en train de se former. Je ne devrais pas dire cela et j’espère qu’il n’y aura pas de dégâts », a-t-il expliqué.

« Avec un peu de chance, c’est le signe du début de l’activité liée à la mousson qui viendra chasser la masse d’air chaud qui influence tellement la météo. »