(Nowra) L’Australie se prépare à une nouvelle aggravation des catastrophiques incendies de forêt ce week-end, après l’évacuation vendredi par la marine nationale d’un millier de personnes cernées par les flammes dans une ville du sud-est.

Depuis la ville de Mallacoota, des habitants et des touristes, pour certains réfugiés sur le front de mer depuis la Saint-Sylvestre pour se protéger du feu, ont été amenés à bord d’une chaloupe de débarquement, avec leurs animaux de compagnie et quelques effets personnels, jusqu’aux navires militaires HMAS Choules et MV Sycamore.

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Vendredi soir, un millier d’entre eux avait été évacués et les navires devaient redescendre la côte vers une zone plus sûre.

L’ampleur des feux en Australie a choqué le pays et le monde. Au moins 20 personnes sont mortes, des dizaines d’autres sont portées disparues et plus de 1300 maisons ont été réduites en cendres depuis le début de la saison des incendies en septembre. Une surface équivalente à deux fois la Belgique a brûlé.

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Une image satellite de la plateforme Copernicus Sentinel Imagery, prise le 31 décembre 2019

Or les températures doivent remonter pour dépasser les 40 °C samedi et les autorités ont décrété l’état d’urgence dans le sud-est du pays, la région la plus peuplée de l’île-continent.

Samedi, « les conditions devraient être identiques, voire pires que ce que nous avons vu à la Saint-Sylvestre », a prévenu Jonathan How, de la météo australienne. « Des vents d’ouest forts et secs raviveront les incendies en cours ».

« Partez ! »

Ordre a été donné à plus de 100 000 personnes d’évacuer dans trois États, selon les autorités.

« Il y a encore une fenêtre pour partir », a déclaré la première ministre de Nouvelle-Galles du Sud, Gladys Berejiklian. « Si vous n’avez pas besoin d’être dans la zone, partez ! La fenêtre va se refermer. »

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Photo prise à Nowra, dans l’État de la Nouvelle-Galles du Sud, le 31 décembre dernier

Des milliers de touristes et d’habitants ont ainsi quitté les régions les plus exposées sur une zone d’environ 300 kilomètres le long de la côte Est, provoquant d’immenses bouchons sur les routes en direction de Sydney et Canberra.

Le ministre des Transports de l’État de Nouvelle-Galles du Sud, Andrew Constance, y a vu « la plus importante opération d’évacuation jamais lancée dans la région ».

Au nord de la localité de Nowra, des familles patientaient dans des véhicules quasi à l’arrêt, chargés de bicyclettes ou de planches de surf.

Eloise Givney, 26 ans, est parvenue à fuir sous escorte policière alors qu’elle et d’autres personnes avaient passé quatre jours sans électricité, téléphone ou internet.

« Les flammes se sont approchées jusqu’à 50 mètres de nous. Il a fallu conduire parmi elles car c’était la seule voie permettant de partir », a-t-elle dit à l’AFP, décrivant des flammes de 15 mètres de hauteur des deux côtés de la route. « Nous avons été coincés sans courant pendant quatre jours. Nous avions cinq enfants avec nous mais plus de nourriture depuis une journée. »

« Tu n’auras plus nos votes »

Des avions militaires ont procédé à des largages de vivres et d’équipement dans des zones isolées.

Le premier ministre de l’État de Victoria, Dan Andrews, a précisé que des téléphones satellites avaient ainsi été largués, de même que des provisions d’eau et d’équipements d’urgence.

Quant au premier ministre du pays, Scott Morrison, qui avait été étrillé pour des vacances en famille à Hawaii en décembre au moment où son pays brûlait et est régulièrement attaqué sur son piètre bilan en matière de climat, il a de nouveau été critiqué, cette fois pour sa gestion de la crise.

Dans la ville de Cobargo durement touchée par les flammes, M. Morrison a été chahuté, notamment par une jeune mère de famille en pleurs et un pompier volontaire qui ont refusé de lui serrer la main, avant de se replier dans son convoi sous une volée d’insultes.

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Le premier ministre Scott Morrison, à droite, alors qu’il était chahuté par des citoyens dans la ville de Cobargo

« Tu n’auras plus nos votes, mon pote ! », a crié un habitant. « C’est injuste. Nous sommes totalement oubliés ici », se plaignait une habitante.

Pour le député local Andrew Constance, normalement un allié de M. Morrison, « les habitants lui ont probablement donné l’accueil qu’il méritait ».  

« Les gens sont en colère, ils ont perdu beaucoup, ils sont à cran », a concédé le premier ministre. « Je comprends complètement ce que les gens ressentent. Je ne le prends pas personnellement. »

En l’absence d’accalmie prévisible dans les incendies, il a annulé un voyage en Inde prévu le 13 janvier.

Les incendies de forêt, particulièrement virulents cette année, ont également un impact sur les grandes villes australiennes. Melbourne et Sydney respiraient encore vendredi les fumées des brasiers alentours, tandis que le tournoi international de tennis de Canberra a dû être délocalisé à Bendigo (Victoria).